Algérie

Rahma, la rose des Bibans



Rahma, la rose des Bibans
Les roses se fanent en laissant leur odeur se réfugier aeternam dans les fibres toujours sensibles. Si les peuples se régénèrent, les résidants transmutent, les générations se succèdent ; les pays comme les civilisations et les amours ne se dépérissent jamais.Il est des jours où le temps se marque d'un arrêt cardinal. Il est de ces nuits où Mohamed cède anxieux à ses souvenances. A ses repères perdus par la perte d'un soleil radieux et clément. Rahma est cette martyre partie tôt vers la lumière coruscante. Elle n'était que félicité. Cendre, qu'elle est, elle est, encore, portée par le bruit des gamins, nés dans son c?ur. Ce sont, en fait, ces murmures que suggère le silence, dans un foyer vide, un monde désempli qui font d'elle une Algérie toujours debout, vivace et impérissable.La vie de l'autre, la sienne, reste ce prolongement jeté sur la trajectoire de ses enfants. Le mérite d'un pays n'est pas de donner naissance à des mômes, mais de semer l'espoir en leur sein. Oser faire afficher le sourire sur des lèvres gercées, tarir d'une paume de main les larmes encore suintantes ; n'est-ce pas là, le miracle d'un bonbon ou d'une minime confiserie ' Voire d'une mère-Rahma ou d'un père qui se refuse à penser à un autre pays, à un autre horizon. Son avenir se dit-il est un antécédent tenace, une passion inaccomplie et un amour inachevé. Il compte le subir, loin des alcôves funéraires, dans la joie orpheline de son petit peuple, dans le souvenir de sa nation.Se mettre dans la geôle d'un passé ou tenter de survivre en défunt n'est pas perdre sa raison mais, faire aider à évacuer, autour de soi, les réalités jugées amères. Il est là, elle est ailleurs. Ils sont encore unis. Lui est une mémoire qui ne fonctionne qu'aux neurones de deux femmes. L'une est sur terre, l'autre dedans. L'une génitrice, l'autre presque une maman.C'est dans le ventre de ses jours que Mohamed, commun des hommes, se trouve puiser sa sève. C'est dans la frimousse de ses enfants que se réfléchit l'image claire et solennelle de cette âme charmante et aussi belle que la rose des Bibans ou la reine des Ouled Cheniti. Rahma était un territoire à conquérir, un c?ur d'asile preste et ouvert aux démunis, une tendresse qu'élève l'innocence. Elle était, en tout, une constitution plurielle, une charte populaire.Lui, solitaire comme une minorité travaille à essayer le silence pour étouffer, à demi-mots, ses sanglots. Il attend priant de ses deux mains des demains et tous les après-demain, l'impossible réincarnation. Le plus attristé de ses instants infinis c'est le v?u fourni à décalquer ce visage sur des visages qui lui ressemblent pour nourrir l'illusion que le miracle ne peut se reproduire. Une martyre demeure une éternité. Une constance nationale, tel un hymne, un étendard ou un conte héroïque.




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