Algérie

Rachid Boudjedra au Quotidien d'Oran: «Un film sur Zighoud Youcef sera réalisé par le Britannique Ken Loach



» Le romancier, et non moins cinéaste, Rachid Boudjedra, préside actuellement le jury du Festival international du film arabe. Petit bonus : en marge du festival, en sa qualité d'auteur mondialement connu, il donne tous les soirs après la projection des films, une vente-dédicace de ses derniers ouvrages. Jeudi dernier, avant la cérémonie d'ouverture, il a accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.  

Le Quotidien d'Oran: En votre qualité de président du jury, quel est votre regard sur le déroulement de ce festival, du moins par rapport aux années précédentes ?

Rachid Boudjedra: A mon sens, il n'y a pas de véritable changement par rapport aux années passées… Simplement, pour cette année, je suis président du jury et il faut souligner que je le suis en ma qualité de scénariste et non pas de romancier. Je suis tout de même, les gens ont tendance à l'oublier, celui qui a écrit «Chronique des années de braise» qui a eu la Palme d'Or à Cannes en 1975. Pour parler de ce festival, il y a cette année treize longs-métrages dont deux algériens. Le jury, quant à lui, est composé de tous les pays arabes; et enfin, à raison de deux séances par jour, nous allons voir les films dans la salle El Maghreb, une superbe salle que j'avais connue étant jeune, et qui depuis avait été fermée pendant de longues années. Cette salle contient tout de même, il faut le souligner, plus de deux milles places !

Q.O.: On espère en tout cas, une fois le festival fini, qu'elle soit au plus vite exploitée par le public oranais…

R.B.: Bien sûr, il le faudrait absolument !

Q.O.: Mais quand on voit le taux de fréquentation à la cinémathèque d'Oran, la seule salle de cinéma ouverte à Oran, on se rend compte qu'il reste très faible, est-ce que vous pensez qu'avec la tenue de ce festival, cela va booster le nombre d'entrées, que les gens vont renouer avec la fréquentation des salles ?

R.B.: C'est le but même de ce festival, mais allons-nous pour autant réussir notre mission ? Vous savez, cela n'est pas aussi simple ! Aujourd'hui, les choses sont devenues très complexes, et pour renouer avec les bonnes vieilles habitudes, il faut du temps ! Malgré tout, je trouve qu'Oran mérite bien un festival de cette ampleur, car les plus grands festivals d'Algérie ont le plus souvent lieu à Alger.

Q.O.: Vous êtes celui qui a écrit le scénario du film qui a obtenu la Palme d'Or à Cannes en 1975… Aujourd'hui, avec le recul, comment pensez-vous que le cinéma algérien a évolué par rapport à cette époque, qui était tout de même, si on peut dire, l'âge d'or du cinéma algérien ?

R.B.: C'était vraiment l'âge d'or… à cette époque-là, il y avait un organisme d'Etat qui était puissant et qui ne lésinait pas sur les moyens pour permettre aux cinéastes de bien faire leur travail…Cet organisme d'Etat aujourd'hui a disparu. Certes, aujourd'hui, on a des producteurs privés, mais eux-mêmes, il faut bien dire ce qui est, lésinent beaucoup… je trouve d'ailleurs que l'Etat est bien plus généreux que ces derniers.

Q.O.: Pour parler un petit peu de vous, quels sont vos projets d'avenir ?

R.B.: Je vais me mettre à l'écriture d'un film sur la vie et le combat de Zighoud Youcef, ainsi que sur les événements du 20 août 1955, c'est le producteur Bachir Derras qui m'a recommandé l'écriture, il doit être réalisé par le réalisateur britannique Ken Loach !

Q.O.: Le film est prévu pour quelle date ?

R.B.: Si tout va bien, il sera sur les écrans à partir de 2013 !




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