Dans cet entretien, le directeur du Centre national de recherche et de développement de la pêche et l’aquaculture (CNRD) et chef de projet de développement de la filière crevetticulture en Algérie nous parle des objectifs de ce projet, des délais de production et de commercialisation, mais aussi des perspectives de développement de la production de crevettes dans la région Sud.
- Quel est l’objectif de ce projet, offrir de la crevette au citoyen algérien?
D’abord, produire de la crevette bon marché pour le consommateur local et lui offrir une source saine de protéines. Le but est aussi de partager ce protocole d’élevage avec des ingénieurs et des étudiants de l’université de Ouargla et d’ailleurs ainsi que de futurs éleveurs parmi les jeunes intéressés par cette nouvelle filière, avec lesquels nous comptons travailler de concert pour le développement d’une production de crevettes à pattes blanches. C’est un créneau porteur et nous comptons encourager le lancement de petites fermes à l’échelle économique, après avoir réalisé cette ferme expérimentale avec la partie coréenne.
- Pourquoi Ouargla?
Nous avons initié ce projet à Ouargla d’abord parce que la qualité de ses eaux qui ont une caractéristique saline de 5 à 7°/1000 est idéale, mais aussi parce que Ouargla est le premier pôle aquacole du sud de l’Algérie et qu’elle compte une annexe du CNRDPA dont l’équipe a suivi des formations de 6 mois en Corée du Sud, afin d’assurer le suivi, et une filière universitaire dédiée à l’aquaculture au niveau de l’université Kasdi Merbah. La disponibilité des eaux souterraines, son emplacement stratégique ont également compté.
- Quelles sont les étapes parcourues et celles qui restent?
L’étape 1 est la maîtrise à l’échelle expérimentale, la seconde est que la ferme rentre en production et que le produit soit placé sur le marché local et national, la troisième est la création de fermes de crevetticulture et nous envisageons d’aider à la reproduction de ce modèle dans d’autres wilayas, si des investisseurs privés sont intéressés.
Pour le côté administratif, la direction de la pèche de Ouargla est habilitée à recevoir les futurs investisseurs. Pour le côté technique, le CNRDPA est là et la ferme est ouverte pour assurer l’accompagnement et la formation via son équipe technique. On note déjà que bien qu’en phase expérimentale, nous avons déjà reçu une vingtaine d’agriculteurs notamment de la région d’In Salah et d’Adrar qui ont visité la ferme et sont très intéressés par cette filière.
- Ce qui intéresse le plus le consommateur est le prix de cette crevette blanche. Est-ce un produit de luxe inabordable pour le simple citoyen?
Actuellement, avec cette expérience, le coût de production de cette crevette est entre 500 et 600 DA le kg, sachant qu’on a fait cette expérimentation avec des post-larves donc des petites crevettes et de l’aliment importés mais notre rôle et notre devoir, c’est de faire l’effort et les recherches pour faire la reproduction ici en Algérie. C’est ce qui est programmé pour l’année prochaine à Skikda qui produira les géniteurs locaux. La seconde chose est la production d’aliment local. Vous voyez la l’annexe de ce projet, c’est l’usine de production de l’aliment artificiel qui sera implantée ici à Ouargla, en 2017.
- Et quelle est la base de cet aliment sachant que l’expérience du tilapia et du poisson-chat élevés localement pose toujours le problème de l’aliment importé?
La base sera des ingrédients de l’industrie agroalimentaire algérienne et essentiellement de la farine de poisson. Et comme notre pays n’en produit pas, le CNRDPA a installé une équipe qui travaille sur ce volet et cherche de nouvelles techniques pour fournir de la farine locale à base des poissons d’eau douce produits localement et qui se reproduisent facilement.
- En 2017, vous allez avoir 20 t de crevettes sur les bras. Comment va s’organiser la commercialisation?
Actuellement, nous terminons la phase expérimentation. L’année prochaine, quand la partie sud-coréenne quittera la ferme, on entrera en production. A titre de dégustation dès maintenant, à titre de don à partir de la fin 2016 et à titre commercial à partir de 2017. Une entreprise sera donc créée pour se charger de la commercialisation des 20 t/an qui seront produites à Ouargla.
C’est l’administration centrale qui se chargera de la mise en place de la phase commerciale l’année prochaine. Moi, je suis garant de la maîtrise du protocole de production et je peux vous assurer que la production sera sur le marché en 2017.
Houria Alioua
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Posté Le : 17/02/2016
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: El Watan ; texte: Entretien par Houria Alioua
Source : elwatan.com du mercredi 17 février 2016