La Commission européenne a autorisé mercredi sous conditions le rachat de l'américain Monsanto, spécialiste des semences, des pesticides et des OGM, par le géant allemand de la chimie Bayer.Cette autorisation de rachat contre laquelle se sont beaucoup mobilisées les ONG écologistes est subordonnée à la cession d'un vaste ensemble d'activités que Bayer a proposé à l'exécutif européen pour dissiper ses craintes quant à la concurrence dans l'UE.
"Nous avons autorisé le projet de rachat de Monsanto par Bayer parce que les mesures correctives proposées par les parties, qui dépassent largement les 6 milliards d'euros, répondent pleinement à nos préoccupations en matière de concurrence", a déclaré la Commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager.
"Nos décisions permettent de garantir que la concurrence et l'innovation resteront effectives sur les marchés des semences, des pesticides et de l'agriculture numérique, même à l'issue de cette concentration", a-t-elle ajouté.
Pendant son enquête, la Commission européenne avait reçu de nombreuses pétitions envoyées par mails et courriers s'alarmant de cette union qui donnerait trop de pouvoir à un groupe fabriquant des OGM et le glyphosate, un désherbant controversé.
Dans une lettre à la commissaire Margrethe Vestager, publiée mardi, l'ONG Friends of the Earth Europe avait mis en garde contre les conséquences de cette fusion sur l'environnement.
"Bloquer cette fusion profondément impopulaire serait un grand succès pour l'UE. Plus d'un million de citoyens ont exhorté Mme Vestager à bloquer cette fusion infernale", avait rappelé l'ONG.
Les équipes de Mme Vestager étaient chargées d'étudier les problèmes soulevées par cette union seulement du point de vue de la concurrence. Leur avis est susceptible d'être soumis à la Cour européenne de justice.
Inquiétudes
La Commission européenne avait obtenu plusieurs concessions de Bayer, décidé à obtenir ce feu vert. Ainsi, en octobre 2017, le géant allemand avait annoncé céder pour près de 6 milliards d'euros d'activités agrochimiques à son compatriote BASF pour pouvoir convoler avec Monsanto.
Début mars, BASF avait en outre annoncé être en négociations exclusives pour racheter à Bayer l'ensemble de son activité de semences de légumes.
Le patron de Bayer, Werner Baumann, avait fait savoir le mois dernier que s'il recevait le feu vert de Bruxelles, il pourrait finaliser le rachat de Monsanto au second trimestre.
Le 13 mars dernier, Bayer avait déjà reçu le feu vert des autorités de la concurrence chinoises pour racheter Monsanto, en promettant de vendre certains activités.
Aux Etats-Unis en revanche, les autorités semblent rechigner à accorder leur autorisation. Selon une source citée par Bloomberg, des négociations sont en cours et l'administration ne devrait "probablement" pas prendre de décision "avant plusieurs mois".
Le projet d'acquisition de Monsanto par Bayer pour 66 milliards de dollars (56 milliards d'euros) avait été annoncé en septembre 2016.
En 2017, la Commission avait déjà autorisé deux méga-fusions dans l'agrochimie depuis le début de l'année, à chaque fois sous conditions.
Fin mars, Bruxelles avait autorisé la fusion des géants américains Dow et DuPont, puis dix jours plus tard, elle validait le rachat du suisse Syngenta par le géant chinois ChemChina pour 43 milliards de dollars (40 milliards d'euros à l'époque, 36,5 milliards d'euros au cours actuel), la plus grosse acquisition jamais lancée par un groupe chinois à l'étranger.
Les nouvelles entités s'étaient engagées auprès de l'UE à revendre certaines de leurs activités afin de garantir la concurrence sur le marché européen.
Cette vague de concentration dans l'agrochimie, poussée notamment par la baisse des marges des groupes de ce secteur, avec des prix agricoles qui restent bas, avait à chaque fois suscité de nombreuses inquiétudes parmi les défenseurs de l'environnement.
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Posté Le : 22/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com