Algérie

Rabah Madjer de passage à Oran: «La politique de la FAF porte un grave préjudice au football national »



Rabah Madjer, qui a marqué de son empreinte le football algérien, était en visite avant-hier à Oran. Profitant de sa présence dans la capitale de l'ouest, l'ex-star du FC Porto accompagné de son ami et entraîneur du MOB Bouzidi, a tenu un point de presse en présence de nombreux journalistes de différents organes. Madjer, très à l'aise après sa rencontre avec d'anciens joueurs, Guemri Redouane, Chérif El Ouazani, Belkheira, Benchiha, l'ex-arbitre Mohamed Sendid, Dani Benaouda ainsi que Berrahal Benaoumeur, ancien président de la FAF, a débattu de la situation du football national, de la politique préconisée par la FAF «qui, dit-il, est en train de détruire les générations de jeunes footballeurs locaux et l'entraîneur local». Madjer n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour dire certaines vérités ayant trait à la gestion du sport-roi algérien. Avec son habituel franc-parler, Rabah Madjer a tenu à dénoncer certaines pratiques malsaines, qui selon notre interlocuteur, favorisent le pourrissement. Assis aux côtés de Berrahal Benaoueur et de Chérif El Ouazani, Madjer eut cette réflexion : «J'ignore jusqu'à présent les raisons de mon limogeage de l'EN. Chérif El Ouazani a été limogé après de bons résultats avec son club. Menad, qui a prouvé sa compétence, n'est plus dans le circuit. Hadj Berrahal a été poussé pour ne pas faire partie du bureau fédéral, ce n'est pas normal tout ça ». Berrahal rétorqua par une intervention qui souleva les applaudissements de la salle : « Rabah, les grandes valeurs ne meurent jamais », a-t-il lancé en direction de Madjer. Ce dernier a insisté sur la nécessité et l'urgence de rendre à l'EN ses lettres de noblesse. « Il est temps de réagir pour sauver le football. Notre silence pourrait être considéré comme une complicité », commença-t-il par dire. Le conférencier, sur une question relative au départ des cadres de l'EN au Golfe, nous a paru quelque peu gêné. « En toute sincérité, ce n'est pas à moi de donner un avis sur ça. C'est aux joueurs de gérer leurs carrières. Je respecte leur décision, même si j'aurai aimé qu'ils évoluent dans un championnat européen, ce qui aurait été profitable à l'EN, mais il faut préciser que le championnat du Golfe n'a rien de semblable à celui de l'Europe». Evoquant l'équipe nationale, Madjer semble être déçu par la tournure des évènements. « Les joueurs sont marginalisés par la faute de la politique de la FAF qui a opté pour une autre stratégie.  Prenons l'exemple de l'EN militaire qui vient de remporter le championnat du monde militaire avec des joueurs et un entraîneur locaux. Qu'on le veuille ou non, l'Algérie est une grande nation de football. L'EN a perdu ses traditions et son originalité dans le jeu qu'on lui connaissait. A mon avis, il faut révolutionner le football national et ensuite ramener nos meilleurs joueurs évoluant en Europe pour donner le plus escompté, et non pas des pros évoluant en seconde division. Malheureusement, aujourd'hui, tout le monde peut jouer en équipe nationale. Pourquoi ? Le moment est venu de se retrousser les manches, travailler dans l'intérêt du pays et ne pas attendre les dates FIFA pour le faire. Une politique s'impose et sera axée sur la prise en charge réelle des joueurs locaux et non pas sur leur marginalisation. Il faut qu'il y ait une synchronisation dans le travail des sélectionneurs des différentes catégories pour un meilleur suivi des joueurs. On ne fait rien dans ce sens pour nous dire ensuite que les locaux n'ont pas le niveau requis. C'est faux ! On a convaincu les hautes autorités du manque de joueurs algériens capables d'endosser le maillot national pour imposer leur politique. On mise sur les joueurs d'Outre-Mer et des entraîneurs étrangers pour délaisser le produit local. Rachid Mekhloufi a abondamment parlé de ce sujet, et même le Premier ministre est de cet avis. Tous deux ont affirmé haut et fort qu'ils ne sont pas d'accord avec cette politique. Alors ? En tous cas, l'Algérie restera toujours debout et une grande nation de football, mais attention, l'histoire ne pardonne pas ! », a-t-il affirmé. A propos du poste du sélectionneur national, Madjer avouera « que la FAF a exploité l'échec de Benchikha pour appliquer son plan et dénigrer par là même la valeur de l'entraîneur local en le diminuant de sa valeur.

 Moi, je dis que même si on ramène Mourinho, la situation n'évoluera pas dans le bon sens ». Visiblement touché par ce qui se trame au niveau de notre sport-roi, Madjer a tenu à préciser. «Je n'ai jamais refusé de servir mon pays, mais je ne veux pas cautionner cette politique préconisée par la FAF qui porte un grave préjudice au football national et qui détruit des générations de jeunes footballeurs algériens. Aussi, il ne faut pas tromper l'opinion publique, je ne me suis réconcilié avec personne. J'ai des principes et ce n'est pas maintenant que je vais changer. On m'a proposé un poste à la CAF en contrepartie de mon silence, mais je ne mange pas de ce pain ! La politique de la FAF ne marche pas avec les règles du football. J'ai barré la route à certaines personnes qui veulent tirer profit de la passion des Algériens pour leur équipe et utiliser l'EN à des fins personnelles. Il y a cinq ans, j'ai présenté à Djiar un projet de travail sur le développement du football national, mais cela est resté sans suite. Je crois que l'ère du changement est venue avant qu'il ne soit trop tard », avant d'ajouter: «J'ai montré de quoi je suis capable là où je suis passé. A Ryan par exemple, et après le départ du coach Luis Fernadez, l'équipe était classée en neuvième position. J'ai réussi à hisser le club en haut du tableau pour faire partie du carré d'or du championnat. Pourquoi je suis parti ? Un entraîneur qui se respecte ne peut pas travailler là-bas parce que les dirigeants, qui manquent de culture professionnelle, s'immiscent trop dans le volet technique. Voilà la raison de mon départ de Ryan. Comme à la FAF, je dérangeais certains intérêts », conclura Madjer qui a été encensé par Jorge Nuno Pinto, président du FC Porto. « Je n'ai jamais vu un joueur aussi complet et discipliné. C'était impossible de lui trouver un défaut, les portes du FC Porto lui sont grandes ouvertes ». Encore plus, Madjer a été nommé dernièrement ambassadeur de bonne volonté à l'UNESCO. Pour conclure, personne n'a compris pourquoi on veut éloigner une valeur de la trempe de Madjer, comme d'ailleurs les Said Haddouche, Menad, Bensaoula, Ighil, Merezkane, Guendouz, Khalef ….. Peut-être parce que ces derniers disent tout haut ce que d'autres pensent tout bas, sans oublier, bien évidemment, leur personnalité et leur militantisme du football qui dérangent certains décideurs du football algérien.




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