Algérie

Quiquequoioucomment : La culture algérienne



Le Cadavre encerclé Une tragédie qui met en scène le héros épique face à la mort, Le Cadavre encerclé de Kateb Yacine, a été entamée après les événements sanglants du 8 Mai 1945, à Sétif. Publiée pour la première fois en 1955 par la revue Esprit, dont les positions anticolonialistes étaient claires dès le déclenchement de la guerre d?Algérie, la pièce de théâtre projette le lecteur, ou le spectateur, au c?ur du mouvement insurrectionnel. Du seuil de la mort, une voix s?insurge pour dénoncer la violence et la répression sans merci. Pour clamer l?ineptie d?un drame individuel. La personnalité de Lakhdar, hanté par une vengeance impossible, confronté au spectre ancestral, à l?hostilité de l?ennemi, se révèle comme un Hamlet aux prises avec ses émotions parce que tributaire d?un passé épique lourd à assumer, d?un désir hérité. Comparé à Sophocle et Eschyle, Kateb s?était dit plus proche de Shakespeare « qui a su mettre en scène l?histoire tout en y incarnant ses visions propres ». La tragédie se révèle à travers cinq monologues, dévoilant cinq relations triangulaires et dont certaines se lient deux à deux. On retrouve le rapport entre la lutte politique d?un peuple et l?amour impossible avec Nedjma, la mère ou l?étrangère. L?enchevêtrement de la lignée brisée avec l?intrusion étrangère. Ou encore, la mort interprétée de trois manières : subie, souhaitée ou idéalisée dans le sacrifice. Le Cadavre encerclé est monté en 1958 à Bruxelles, puis au Théâtre national de Paris, une année après, par un Jean Marie Serreau courageux, vu le contexte de violence. Pour lui, « la tragédie de Lakhdar est celle de l?homme algérien dont les blessures sont immémoriales et confondues dans le temps et qui n?en finit pas de se chercher à travers un monde en révolution ». La mue de la tragédie individuelle en mythie s?opèrera avec La Poudre d?intelligence que Kateb Yacine a choisie comme suite au Cadavre encerclé. Un peu comme une version jumelée de la tragédie, « sosie grimaçant », diront les critiques.


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