La valise ou le cercueil : la déferlante terroriste de la décennie noire n’avait pas laissé beaucoup de choix aux partisans de la non-violence. La valise sur le tortueux chemin de l’exil ou le cercueil les mardis noirs dans les cimetières de la République, aujourd’hui désillusionnée.
Désillusionnée parce que les résistants d’hier semblent avoir cessé de livrer bataille. Pourtant, cette épopée de la résistance citoyenne de sauvegarde de la République était assumée par des hommes aux convictions inébranlables : “ces voleurs qui…” ont pris le parti d’être des “mesmar” cloués dans les yeux de la bête immonde. Mais alors, est-ce pour autant que le combat pour la République doit-il cesser faute de combattants ? Car, qu’un tôlier fanatisé tire à bout portant sur Tahar “qui avance” par un matin de printemps ensoleillé en ce 26 mai 1993 à Baïnem, pourra-t-il venir à bout des idées éclairées du poète ? Non, assurément. Les “vigiles” empêcheront les nouveaux prophètes de mener la République des citoyens comme une “arche à vau-l’eau”.
“La famille qui avance” a fait le serment de barrer la route aux “corbeaux” de tous poils. Elle sèmera à tout vent et à tout venant la graine de l’espérance. Le greffon intégriste ? Jamais il ne prendra dans la République des “expropriés”. Paroles de poète : “Je suis le déterreur de l’histoire insoumise et de ses squelettes irascibles enfouis dans vos temples dévastateurs. Je ne cautionnerai jamais vos cieux incléments et rétrécis où l’anathème tient lieu de credo. Je ne cautionnerai jamais la peur mitonnée par vos prêtres-bandits de grands chemins qui ont usurpé des auréoles d’anges. Je me tiendrai hors de portée de votre bénédiction qui tue, vous, pour qui l’horizon est une porte clouée, vous, dont les regards éteignent des foyers d’espoir, transforment chaque arbre en cercueil.”
Tahar Djaout restera pour “la famille qui avance” une référence lumineuse. Son œuvre, un repère dans la grisaille politique d’aujourd’hui. C’est dans le but de perpétuer l’œuvre majestueuse de Tahar Djaout qu’un hommage est dédié à l’enfant d’Oulkhou. Organisé par l’association culturelle Tussna, l’hommage, qui se déroule depuis hier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, comprend, outre une exposition murale et des montages poétiques, une série de conférences dont la thématique générique tourne, pour l’essentiel, autour de l’œuvre de Djaout. Ainsi, les écrivains Rachid Boudjedra, Amine Zaoui, Mohamed Balhi, le directeur d’El Watan Omar Belhouchet, Abrous Outoudert, Mohamed Ghobrini, Brahim Tazghart, Akli Gasmi, Halima Lamine et Djoher Amhis donneront chacun une communication sur des thèmes divers, mais dont le substrat reste l’œuvre djaoutienne. L’association organisatrice de cet hommage prévoit, pour vendredi prochain à 10h, un recueillement sur la tombe du journaliste, écrivain et poète, dans son village natal Oulkhou. Le poète n’est pas mort, Tahar est éternellement vivant…
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Posté Le : 18/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Y. A.
Source : www.liberte-algerie.com