Algérie

Quid des dispositifs de gestion des risques '



La Banque d'Algérie avait indiqué que le niveau des créances non performantes était en hausse en 2017, représentant 12,3% des crédits distribués.Le président de la République a indiqué récemment, à l'ouverture de la rencontre gouvernement-walis, que les créances bancaires de certains investisseurs ont atteint 1216 milliards de dinars. Dans son rapport annuel de 2017 ? on attend toujours la publication du rapport de l'année 2018 ? la Banque d'Algérie indiquait que le niveau des créances non performantes par rapport au total des créances (crédits distribués et autres créances entrant dans le calcul de ce ratio) est en hausse en 2017 (12,3 % contre 11,9% en 2016 et 9,8% en 2015). Dans le même rapport, la Banque d'Algérie relevait que les créances compromises représentent 55,4% des crédits non remboursés qui s'élèvent, à fin 2017, à 720,8 milliards de dinars contre 521,8 milliards de dinars à fin 2016 (60,5%). Ce niveau abyssal des prêts non performants pose la problématique du respect par certaines banques de la norme réglementaire de liquidité.
Dans le cadre de l'évaluation des prêts et emprunts interbancaires, les travaux de contrôle de certaines institutions bancaires font ressortir l'absence de politique formalisée de surveillance et de gestion des risques interbancaires, ainsi que l'inexistence de processus de stress testing liés aux fonds propres, aux risques interbancaires et au risque crédit. Une défaillance que le gouverneur de la Banque d'Algérie a soulignée dernièrement, lorsqu'il a rencontré les responsables des banques et des établissements financiers agréés. "Aussi et tout comme les dispositifs de gouvernance, les dispositifs de gestion des risques gagneraient à être améliorés, notamment en ce qui concerne la norme réglementaire de liquidité, dont le non-respect par certaines banques est la conséquence directe de la détérioration de la qualité des portefeuilles détenus par elles, ce qui signifie à la base une insuffisance des dispositifs de gestion des risques."
Le gouverneur a estimé que les dispositifs de gestion de risque doivent être constamment mis à jour et renforcés (à travers notamment une révision de la cartographie des risques). Idem pour le contrôle interne. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a ajouté que le système d'information au niveau des banques doit faire l'objet d'un plan stratégique validé par le premier organe de gouvernance de la banque.
Revenant sur les différents reportings qui sont transmis périodiquement à la Banque d'Algérie, le gouverneur rappelle aux banques "l'obligation légale et réglementaire inhérente à l'existence d'une information fiable, de qualité et à temps, mais aussi la pertinence d'intégrer les reportings comptables et prudentiels dans le système d'information des banques commerciales". En décembre 2019, la Banque d'Algérie a publié une instruction qui a pour objet de fixer les conditions d'application des dispositions du règlement n°12-01 du 20 février 2012, portant organisation et fonctionnement de la centrale des risques entreprises et ménages (CREM) de la Banque d'Algérie, ainsi que les conditions de déclaration des risques pris par les banques et les établissements financiers à l'égard de leurs clientèles d'entreprises et ménages. L'instruction stipule que les personnes morales et les personnes physiques bénéficiaires de crédits auprès des banques et des établissements financiers, ainsi que les personnes qui se portent formellement garantes de ces bénéficiaires doivent être déclarées à la centrale des risques entreprises et ménages.
Les crédits accordés par les banques et les établissements financiers à leurs personnels sont également déclarables à cette centrale.
Toute déclaration doit comporter la nature et le montant des crédits accordés, le montant des crédits utilisés, le montant des crédits non remboursés, ainsi que les garanties prises en contrepartie de ces crédits. L'accumulation de flux de créances douteuses affecte surtout la qualité du portefeuille, mais également la rentabilité des banques. Outre la nécessité d'améliorer la gouvernance et le renforcement des dispositifs de gestion des risques, les banques, notamment publiques, doivent être mises à l'abri d'interférences politiques auxquelles elles sont souvent sujettes.

Meziane Rabhi


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