Algérie

Qui va redonner de l'espoir aux couples en détresse '


Bien que la demande pour la Procréation médicalement assistée (PMA) ne cesse d'augmenter, vu le nombre de couples qui éprouvent des difficultés à avoir des enfants, le secteur public reste à la traîne en matière de prise en charge de ces couples.Les cliniques privées spécialisées en PMA coûtent cher. Cet état de fait demeure un frein, notamment pour les familles aux revenus limités. La seule unité de PMA dont dispose le secteur public reste celle de l'hôpital Nafissa Hamoud (ex-Parnet). Cette structure ne peut toutefois couvrir toute la demande au vu du nombre de couples stériles qui ne cesse d'augmenter en Algérie.
Ainsi, le docteur Amina Oumeziane, fondatrice de la Société algérienne de la médecine de reproduction (SAMR), préconise la prise en charge par la Sécurité sociale des soins relatifs à la stérilité, tandis que le professeur Mokrane Medjtoh appelle à l'élargissement des PMA dans le secteur public. Dans l'attente de la concrétisation d'au moins l'une de ces solutions, des milliers de couples infertiles souffrent en silence.
Au niveau des structures sanitaires publiques, seul le service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Nafissa Hamoud dispose d'un service spécialisé en PMA.
Bien qu'elle reste une bouffée d'oxygène pour un grand nombre de couples en quête d'enfants, la structure n'est pas en mesure de prendre en charge tous les cas qui connaissent un problème de contraception à travers les 48 wilayas. A titre d'exemple, en 2017, 385 cycles (couples) ont subi la fécondation in vitro (FIV), précisément la micro-injection, une technique de pointe permettant aux couples d'avoir plus de chances en matière de procréation.
Ces 385 FIV ont donné naissance à 143 bébés, soit 37% de taux de réussite, tandis que la moyenne mondiale de réussite de la fécondation in vitro est de 32%.
Suite aux résultats obtenus, le professeur Mokrane Medjtoh, chef du service de gynécologie obstétrique de l'hôpital Nafissa Hamoud, s'est montré très satisfait, vu qu'un grand nombre de couples, qui ont bénéficié de la PMA, sont pauvres. «Nous avons donné de l'espoir à une population démunie», affirme le professeur Medjtoh, fièrement. Mais il reconnaît qu'une seule unité ne peut pas couvrir tous les besoins de la population.
Pour rappel, le taux d'infertilité est estimé à 12% de la population en âge de procréer. Ainsi, plus de 400 000 couples sont stériles. Par ailleurs, le chef du service de l'hôpital ex-Parnet revient sur les couples pris en charge au niveau de cette structure, précisant que cette population, essentiellement démunie, est venue particulièrement des wilayas de l'intérieur du pays.
Ainsi, 70% des couples pris en charge à l'unité de la PMA de l'hôpital ex-Parnet viennent des wilayas de l'intérieur du pays, notamment celles de l'Est. «C'est grâce à la motivation et à la volonté de jeunes médecins qui veulent apporter un plus à la santé publique que cette unité a été relancée», explique Pr Medjtoh, qui revient en détail sur l'historique de cette seule unité spécialisée en PMA dont dispose le secteur public en Algérie. C'est durant les années 1990 que la première expérience en PMA a été lancée au niveau de cet hôpital, une période qui coïncide avec le terrorisme en Algérie.
Ce qui a mis fin au travail de cette unité en 1992. C'est en 2013 que cette unité de PMA a été relancée. La première fécondation in vitro a eu lieu en octobre 2013. «Nous avons pu réaliser cette première FIV, qui a donné un bilan positif, avec l'ancien matériel», se félicite Pr Medjtoh. En 2014, cette structure a été équipée d'un matériel moderne.
Ce qui a donné un nouveau souffle à l'activité de la PMA. «Dès la réception du nouvel équipement, nous avons entamé la micro-injection. Depuis 2014 à nos jours, les résultats sont en évolution», estime notre interlocuteur. A présent, cette PMA fait aussi de la vérification (congélation rapide des ovocytes), comme elle fait également de l'insémination artificielle. Pour l'année 2017, le taux de réussite en insémination artificielle a été de 20%, un taux que le professeur Medjtoh juge satisfaisant, comparativement à la moyenne mondiale qui est de 16%.
Ce dernier considère la stérilité comme étant un problème de santé publique. Il appelle à l'occasion à l'élargissement de l'expérience de l'hôpital Parnet à d'autres structures de santé publique, sachant que les soins dans les cliniques privées demeurent très coûteux pour les petites et moyennes bourses.
L'infertilité se répercute directement sur la vie du couple, voire sur la société, d'une manière générale. Alors que les autorités publiques peinent à répondre aux besoins d'une population qui souffre en silence. Hormis la PMA de l'hôpital Parnet, aucune autre structure de santé publique ne prend en charge la stérilité. Cependant, la Sécurité sociale ne rembourse toujours pas les frais des soins de l'infertilité.
Ce qui laisse un grand nombre de couples stériles dans l'attente et une angoisse permanentes. Questionné au sujet de la non-prise en charge de ce problème par le secteur public, le professeur Hadjar, ex-chef du service de gynécologie obstétrique, juge que les unités de PMA sont très coûteuses et de ce fait moins rentables pour les structures publiques. «En Algérie, on souffre beaucoup plus de l'explosion démographique.
En plus, si on prend en charge le problème de l'infertilité, on risque de laisser d'autres domaines plus importants. En politique, on voit l'essentiel et non pas les exceptions», conclut-il. Par ailleurs, pour les couples en attente d'un nouveau-né, l'annonce d'une grossesse dans une famille reste une journée inoubliable.
Une gynécologue de l'hôpital Parnet témoigne de cette euphorie qui gagne les couples dès l'annonce de la nouvelle tant attendue : «Une dame est venue me voir avec un bilan de grossesse qu'elle croyait négatif, dès que je lui ai confirmé qu'elle est enceinte, elle explosa de joie, courait dans tous les sens et m'a même embrassée», relate cette gynécologue, considérant qu'en plus de la satisfaction des couples, la réussite d'une FIV rend toute l'équipe médicale contente.
Rencontré à la clinique Tiziri, un couple venu de Chlef ne pouvait pas contenir son angoisse. Alors que son mari fait des va-et-vient dans la salle d'attente, la dame demandait aux autres patientes si cette clinique est bonne. Et ce, bien que son choix soit basé sur des critères objectifs. «Nous avons fait la recherche sur internet et nous avons choisi cette clinique pour ces taux de réussite qui sont satisfaisants», dit-elle.
Après 5 ans d'attente, elle et son mari sont venus solliciter l'aide des médecins. Ils sont encore jeunes. «Mais je ne peux pas supporter encore l'attente. Bien que mon mari soit compréhensif, ma belle-famille cherche à savoir ce qui ne va pas. En plus, le désir d'avoir des enfants demeure unique», avoue-t-elle.
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