Algérie - A la une


Qui sème le vent...
Boston est sous le choc. Cible d'un double attentat à l'explosif, la capitale du Massachusetts a vécu avant-hier une terreur indescriptible. Les poseurs de bombes avaient miné le point d'arrivée du marathon annuel de la ville où étaient massés des milliers de spectateurs. Un premier bilan fait état de trois morts et plus d'une centaine de blessés dont une vingtaine grièvement touchés. Une troisième explosion s'est produite, au même moment, à la bibliothèque John Fitzgerald Kennedy causée, semble-t-il, par un incendie. C'est la première «agression» de cette ampleur qui touche les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Les condamnations émanent du monde entier. A travers cet acte barbare, la preuve est, encore une fois, administrée que nul n'est à l'abri du terrorisme transnational. Craignant des actes similaires, les grandes villes américaines, dont New York et Washington, déclenchent l'alerte maximale. Les capitales européennes font de même. C'est la psychose ! La lutte contre le terrorisme ne peut se faire sans un consensus mondial et une coopération internationale efficace. Les discussions sur cette question à l'ONU buttent toujours sur de nombreuses considérations. L'Organisation onusienne n'arrive pas encore à définir clairement le terrorisme afin d'envisager, ensuite, les stratégies et les moyens de lutte appropriés. Pour des intérêts étroits, les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU portent des regards différents, voire contradictoires, sur le phénomène. A commencer par les Américains eux-mêmes qui, par exemple, considèrent le Parti des travailleurs kurdes en Turquie et la résistance palestinienne comme des mouvements terroristes, et accordent, au même temps, aux mercenaires opérants en Syrie et ailleurs le statut pompeux de combattants de la liberté. Idem pour les Français qui ont armé la rébellion islamiste en Libye avant d'intervenir unilatéralement quand cette même rébellion s'est attaquée, avec les mêmes armes, au Mali voisin. On pourrait dire autant des Anglais, des Russes et des Chinois. Depuis 2001, les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU se résument à la condamnation verbale des attentats sanglants commis aux quatre coins du monde (Bali, Moscou, Nairobi, Bogota, Istanbul, Madrid, Londres, Bagdad, Kaboul'). Sur une vingtaine de résolutions adoptées à ce sujet précis, dix se limitent simplement à dénoncer et les dix autres portent sur la création de comités de réflexion et de groupes de travail qui n'arrivent toujours pas à trancher franchement la question.
L'Algérie, qui plaide depuis des années pour la pénalisation du payement des rançons, peine encore à persuader des pays européens, prêts à mettre automatiquement la main à la poche dès qu'un de leurs ressortissants est enlevé quelque part. Cette façon égoïste d'agir pour calmer le front interne garantit les fonds nécessaires à la subversion terroriste et entretien la suspicion parmi les différents partenaires. Résultat : chaque pays tente concrètement de s'en prémunir individuellement. L'industrie de l'armement (américaine et russe, notamment), qui ne se soucie que des profits à réaliser, se frotte les mains. Les ventes d'armes illicites, de plus en plus sophistiquées, prolifèrent. Dans le conflit syrien, par exemple, on déplore le recours des insurgés aux armes chimiques. Dans la péninsule coréenne, l'arme nucléaire est brandie. C'est le moment choisi par l'ONU pour adopter un premier traité sur le commerce international des armes conventionnelles ! Faute d'une réponse appropriée, la menace terroriste prend visiblement de l'ampleur. Lors de leur 15e Conférence, organisée récemment à Alger, les ministres de l'Intérieur de la méditerranée occidentale (5+5) ont mis le doigt sur ce danger en se promettant d'intensifier la coopération en matière de sécurisation des frontières et d'échange d'expertises et de renseignements. Cependant, la gravité de la situation ne peut se satisfaire de paroles vagues et de promesses incertaines. Il faut impérativement passer aux actes. A tous les niveaux, on a hypocritement semé beaucoup de vent depuis 2001. La tempête gronde, désormais.
K. A.


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