Algérie

Qui se souvient du carrefour Eugène-Fromentin '



Certes, on retrouve les légendes de hauts faits d'armes des fidayîn (résistants) de l'aïn (fontaine) de l'îlot de Bir-Djebah à la Haute-Casbah, mais aucune porte-enseigne n'indique la tranche de vie qu'aurait vécue, en 1843, en ce lieu, l'artiste-peintre et écrivain Eugène Fromentin (1820-1876) et auteur de la toile "Mosquée près d'Alger".Bien qu'ils soient décrépies, les façades de nos douerate (bâtisses traditionnelles) sont les gardiennnes de la mémoire mais aussi d'une succession d'histoires de gens et des faits qu'ils recèlent. Et bien qu'ils s'effritent, les pans de murets se murent dans le mutisme où sont cimentées au c?ur de la pierre, les récits mais aussi les anecdotes de houmate. Non que les murs de la vieille médina soient muets ! Que nenni ! Mais c'est parce que l'enceinte est la proie de la paresse intellectuelle de l'homme si peu besogneux à l'idée d'écrire l'épopée d'une médina à l'aide d'écriteaux.
Et dire qu'à l'article de la mort des anciens et de ces murs, il y a une pile d'épigraphes à buriner dans le marbre pour la pérennité de lieux mais aussi de personnages célèbres. Donc, mieux vaut s'enrichir de l'écriture d'une épigraphe d'histoire que d'une épitaphe gravée sur une pierre tombale. Sinon, ce sera au tour d'une mémoire déjà atrophiée qui risque de s'effriter à son tour.
Et pour cause, les murs de la séculaire Casbah d'Alger sont exposés à la menace de plaques dites "séniles" qui précèdent la maladie d'Alzheimer. D'où qu'il est requis de baliser ou de signaliser l'itinéraire du visiteur à l'aide d'indices pédagogiques. Certes qu'il y a les légendes de hauts faits d'armes des fidayîn (résistants) de l'aïn (fontaine) de l'îlot de Bir-Djebah à la Haute-Casbah, mais rien n'indique le caractère mielleux de l'endroit où il y avait le puits de l'apiculteur.
Donc et pour le reste du circuit, tout est muet. C'est le cas au lieu-dit "R'bâa troq" (les quatre chemins) à la croisée des zniqat Sidi M'hamed Cherif, les Frères-Bachara (ex-Kléber), Yacef-Mokrane (ex-Anfreville) et Fatah Brahim où aucune porte-enseigne n'enseigne la tranche de vie qu'aurait vécue, en 1843, en ce lieu, l'artiste-peintre et écrivain Eugène Fromentin (1820-1876) et auteur de la toile "Mosquée près d'Alger". Et depuis, ce croisement fut baptisé le "carrefour Fromentin" qui est situé à quelques marches de la fontaine qui ruisselle à flanc de la mosquée du saint Sidi-M'hamed-Chérif dans la Haute-Casbah.
Autre omission, celle de préserver et d'indiquer le banc public où aimait s'asseoir l'écrivain français André Gide (1869-1951), a-t-on su de l'éducateur M'hamed Trari lors de notre visite avec le poète-chanteur Rachid Rezagui. D'où, qu'il est requis de restituer la parole aux murs de la séculaire Casbah. Mais pour se faire, c'est la révolution culturelle qui reste à faire pour y coller le visiteur au mur de l'histoire.
Au demeurant, l'écrit est porteur du sésame qui offre l'accès sur la réalité d'un passé qui se perd tout autant que nos repères. Dommage, car ce sont ces mêmes repères qui nous permettront d'engager un jour, ce processus de reconstruction d'un passé historique, et ce, pour le confort didactique de nos enfants. En attendant un sursaut mémoriel, l'album de photos de la Casbah d'Alger est bel et bien muet.

Louhal Nourreddine


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