Qui se souvient de Moh Oulhadj Krim?

Qui dit famille Krim, dit famille dont le destin est fortement lié à la guerre. D'ailleurs Krim Hamou Aissa a combattu aux côtés d'Elmokrani en 1871. S'ensuit la progéniture dont fait partie Said n'Ouramdhane, Ahmitouche n'Ourramdhane, Belkacem el hadj(le lion des djebels), Rabah el hadj, Said Oulhadj, Rezki el hadj et Mohamed dit Moh Oulhadj. Ce dernier, est presque inconnu et pourtant sa courte vie était pleine d'événements et n'est pas passée inaperçue. Il était dynamique, bûcheur et studieux. Il obtenait son certificat d'études à l'école Sarrouy d'Alger, école qu'a fréquentée son frère Belkacem. De retour à Tizera Aissa, il arpentait les sentiers sinueux où il aidait son père, paysan à labourer les terres. En 1939, il fut mobilisé par les français durant la 2eme guerre mondiale où il participa à plusieurs batailles notamment celle de Normandie. Durant cette période et en raison des conditions difficiles, lamentables et inhumaines, la maladie ne l'a pas épargné, il a été vraiment mal au point. A la fin de la guerre, il a rejoint ses frères à Paris pour contribuer à la gestion de l'hôtel familial. Se sentant épuisé, et malade, il rentre au pays où il partageait le quotidien de ses parents. Rien n'empêche que de temps en temps il se rendait en France pour des soins. Son arrivée dans son village natal coïncidait avec la rébellion de son frère Belkacem contre l'occupant. D'ailleurs il ravitaillait, renseignait et informait le groupe qui détenait le maquis dont faisait partie Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah et les autres. Cette intense activité l'a conduit à être emprisonné à Draa el mizan puis à Tizi ouzou par l'occupant. Quelques années plus tard, un incident organique du PPA-MTLD éclata à Larba Nath Irathen entre son frère Belkacem et Ferhat Ali. A propos, beaucoup d'encre a coulé sur cette affaire accusant le lion des djebels d'avoir tiré à bout portant sur son vis-à-vis. En réalité, les deux hommes se sont disputés violemment et quand Ferhat prit un bâton pour asséner un coup violent à Krim, ce dernier en maniant convenablement les armes, et en légitime de défense, dègaina avec assurance sur le bras de son adversaire. Krim, brave qu'il est, a eu la présence d'esprit de réaliser le garrot avec la manche de sa propre chemise, geste sauveteur. L'autorité française, se servant des photos des recherchés, a interrogé Ferhat Ali pour savoir l'auteur du coup de feu, iI identifia Krim Belkacem. L'armée française, en guise de représailles a cerné la maison des Krim et s'y est installée et a commencé sa sale besogne en torturant les villageois d'Ait Yahia Moussa et en premier Moh Oulhadj. Des suites de ces exactions, l'état de sa santé s'est dégradée jusqu'à ce que mort s'en suive à l'âge de 35 ans. Deux de ses compatriotes Charchar Oulounis et Chaibet Smail dit Smail Oucha3vane ont subi le même sort. Amar Barbit Naili a perdu carrément l'ouïe.
La vie de Moh Oulhadj est certainement courte mais beaucoup riche en patriotisme, militantisme et bravoure. C'était un Homme de principe, droit et juste. Il n'aimait pas le mépris, l'arrogance et le snobisme, il était là où les faibles ont besoin de lui. Il aurait tant aimé participer avec les siens pour libérer le pays du joug du colonialisme et l'édification de sa nation sur des bases solides. Il avait beaucoup de charisme et un sens de responsabilité inouï. Dommage !! Cette catégorie, de nos jours, est rare.
Paix à son âme.