Algérie

Qui se souvient de la sirène de la mairie '



D'aucuns auront constaté depuis les années 90, durant le mois sacré de Ramadhan, au moment de la rupture du jeûne, le silence inhabituel de la sirène de la mairie (1883), sise à la place éponyme connue communément par Blass. Et pour cause. L'ancien siège de l'APC de la place Emir Abdelkader a fait l'objet de travaux de réhabilitation pour sa reconversion en musée dans le cadre de la manifestation mondiale de 2011 « Tlemcen, capitale de la Culture islamique ». Cette mise en sourdine a provoqué l'ire de certains, en l'occurrence ceux dont «l'acoustique» est pratiquement hors champ par rapport à l'adhan de l'iftar, même amplifiée, émanant des hauts parleurs des minarets. Les voies de la municipalité sont impénétrables.La sirène juchée sur le toit de l'hôtel de ville aura subi le même sort que les canons de Lalla Setti d'où était tirée une salve concomitamment à l'appel du muezzin depuis le lanterneau équipé, à cet effet, de lampes rouges aux quatre points cardinaux, en guise de signal lumineux annonçant l'iftar (les amplificateurs ne faisaient pas encore partie des «m'urs» matérielles de la mosquée). Les canons auraient été transférés sur le légendaire site révolutionnaire de Djebel Asfour.
Jadis, à quelques minutes de la rupture du jeûne, tout le monde était accoudé sur « Essor» à Ras el B'har ou adossé aux remparts de R'hiba pour entendre le « medfaâ » et « la sirène», rivalisant de décibels, qui se disputaient l'audition du jeûneur aux aguets. Rappelons au passage le rôle du crieur public (berrah) qui, dès la confirmation de la date « sacrée » du Ramadhan, entrait en action en répercutant la nouvelle à travers les quartiers de la ville, notamment la vieille médina. La voix « off » rôdée des Belkaïd, Bali et Alaoui pénétrait gracieusement dans les demeures. La sirène en question, héritée, à priori, de la Seconde Guerre mondiale, conçue au départ pour alerter la population d'une menace aérienne (bombardement), fut recyclée après l'indépendance pour annoncer la rupture du jeûne. Dans le roman « La Grande Maison », Mohamed Dib évoquait cette situation de crise : « Les cris de la sirène annonçant la guerre assembla les habitants de Tlemcen dans les rues. Ce spectacle émerveilla Omar et le projeta dans le futur : devenir un homme… »


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