Algérie

Qui se souvient d'Ahcène «Bosphore» '


Ahcène Mokbi est décédé le 12 janvier dernier dans un quasi-anonymat. Ceux qui ont fréquenté son restaurant de la rue Tanger le connaissaient surtout comme Ahcène «Le Bosphore», du nom de son établissement.
Cet estaminet a vu défiler presque toutes les grandes figures de la presse, des arts et du spectacle, mais nous n'ajouterons pas à la confusion de certains en citant leurs noms. Soyons indulgents ! Chez «Al- Bosphore», et du temps des fins de mois difficiles, ce sont les clients eux-mêmes qui inscrivaient leur addition. Certains en profitaient pour réviser leur crédit à la baisse, mais Bacchus prenait toujours sa revanche. Il y a eu aussi des planteurs d'ardoises, qui ne sont jamais revenus pour cause de repentir, ou sur injonction médicale, ou simplement pour aller ailleurs, là où il y a plus de standing. Dans ses rares moments de détresse, Ahcène feuilletait ce vieux cahier chiffonné pour stigmatiser les mauvais payeurs. La lecture de son menu était un régal pour les puristes : on y proposait ainsi des «trèpes à la con» pour «tripes à la mode de Caen», mais c'était du mouton. Sur son petit comptoir qui séparait la cuisine de la salle trônait un tiroircaisse, véritable et vénérable pièce d'antiquité, que tout le monde convoitait. Il y a même un habitué qui a été jusqu'à susciter une «bagarre» pour profiter du désordre et emporter le précieux butin, mais Ahcène avait flairé le coup. Il n'avait eu qu'à se déployer devant la porte étroite de son minuscule établissement pour obliger le sacripant à renoncer. Cet ancien marin, reconverti dans la restauration, était aussi un fervent supporter de l'USMA, dont il ne ratait jamais un match ou un triomphe, sauf lorsqu'il était souffrant. Il affectionnait particulièrement ses retraites dans son ermitage, situé juste au-dessous du stade Omar- Hammadi, sur la plage de l'Eden, là où il pouvait entendre les clameurs de la foule.


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