Qui se préoccupe de la tragédie des Syriens '

Les soubresauts et les violences dont l'Egypte est le théâtre ont relégué au second plan de l'actualité médiatique la tragédie syrienne dans laquelle les atrocités s'enchaînent. C'est ainsi que les médias internationaux tout occupés à suivre et à rapporter les développements de la situation en Egypte fertile en événements sanglants ont-ils presque passé sous silence l'effroyable sort qu'endure ces derniers jours la minorité kurde syrienne.Son territoire est en effet attaqué par les mercenaires islamistes du front El-Nosra, sa population pourchassée et massacrée contrainte à fuir dans d'atroces conditions vers l'Irak voisin. Les nervis islamistes venus en Syrie pour soi-disant combattre le régime sanguinaire de Bachar El-Assad et que l'opposition armée à celui-ci avait accueillis à bras ouverts s'en prennent à la minorité kurde comme ils le font contre les partisans du régime, les sunnites modérés qui combattent celui-ci et les autres minorités religieuses du pays chrétienne ou chiite. Leur rage « purificatrice » n'épargne nulle composante de la population syrienne qui ne partage pas le « délire religieux » dont ils veulent faire la foi de la Syrie post-El-Assad. Les Kurdes ont commis le crime à leurs yeux de se montrer réfractaires à leur délire et d'avoir défendu contre eux leur territoire.
Les chancelleries occidentales qui s'inquiètent et s'indignent à juste titre des agressions dont est victime la minorité copte chrétienne en Egypte de la part des islamistes partisans du président déchu Mohamed Morsi ont « pudiquement » détourné leur regard du sort de la minorité kurde syrienne. C'est que les agresseurs de celle-ci se trouvent être les jihadistes auxquels ils fournissent armement et argent pour soi-disant abattre le régime de Damas.
Autant les chancelleries stigmatisent et pointent du doigt les islamistes égyptiens qui ont fait de la minorité copte le bouc émissaire de leur déconfiture politique, autant ils se taisent sur la teinte religieuse des mercenaires qui s'adonnent à une véritable tentative de « purification » de la Syrie conformément au projet de société pour lequel ils ont pris les armes.
Il n'est nullement question ici de soutenir que les Occidentaux n'ont pas à défendre la communauté copte égyptienne en danger certain face aux islamistes réfractaires à la cohabitation pacifique des religions dans un même pays. Mais de les fustiger pour leur indignation et réactivité à géométrie variable et d'être mus par la politique du « double poids, double mesure ».
Le meilleur message qu'ils puissent émettre pour convaincre qu'ils agissent dans le monde musulman pour faire triompher les libertés et la tolérance serait qu'ils cessent d'armer et de financer ceux qui sont les ennemis mortels de ces deux crédos et dissuadent leurs « alliés » dans la région à persister dans leur soutien. En Syrie comme en Egypte, il se démontre que les islamistes fonctionnent et se comportent de la même façon à l'égard de ceux qui ne partagent ni leur conception de l'islam ni leur projet de société. Considérer que dans le premier pays ils se battent pour la démocratie, le respect des libertés et l'émergence d'une société tolérante et les condamner pour ce qu'ils commettent dans le second en s'attaquant à la communauté copte, relève du cynisme et de la courte vue dont les Occidentaux finiront par en pâtir des conséquences.