Algérie - Revue de Presse


Si les revenus interviennent, à coup sûr, pour expliquer le fait que les personnes partent ou non en vacances, ce comportement s'explique aussi et peut être plus par d'autres facteurs. Mais l'interdépendance entre ces facteurs empêche d'isoler l'action de chacun d'eux. Parmi ces facteurs, le niveau d'instruction, l'âge, le sexe, la situation individuelle, etc. montrent toujours une forme de corrélation avec les comportements sociaux. C'est d'ailleurs pour cela que les variables qui mesurent ces facteurs sont généralement utilisées comme variables de stratification pour constituer les échantillons d'enquêtes sociologiques. Mais l'énumération fastidieuse des résultats des croisements des variables reflétant les pratiques ou les opinions avec les variables de stratification ne peut constituer en elle-même un modèle explicatif. Les pratiques sociales reflètent des actions à la fois d'imitation et de distinction par lesquelles s'identifient et se caractérisent les groupes sociaux. Les mêmes schémas d'imitation et de distinction jouent pour les individus ou les ménages au sein des groupes sociaux eux-mêmes. Il faut d'abord, ici, noter la vitesse de diffusion d'un phénomène qui jusqu'à il y a une dizaine d'années était freiné par de nombreux obstacles : difficulté des déplacements à l'étranger, faiblesse des infrastructures touristiques, terrorisme et problèmes de sécurité. Bien que ces problèmes persistent, ils se sont quelque peu détendus et des formes adaptées de tourisme se mettent progressivement en place. Pour l'étranger, le développement de l'offre des agences de voyages en nombre et en destination en est un indice probant. Pour les vacances en Algérie, le développement de la location temporaire privée et des infrastructures privées de camping en est un autre. Sur cet enracinement progressif du phénomène dans les habitudes vont se greffer ensuite les phénomènes d'imitation et de distinction.La première frontière délimite entre ceux qui peuvent partir et ceux qui ne le peuvent pas. Mais bien que redoutable, cette frontière se module ensuite notamment par rapport au type de ménage : comment part-on ' Seul ou en famille ou seulement une partie de la famille ' le statut des femmes dans le ménage devient alors crucial. Lorsque la destination est l'étranger la proximité culturelle devient alors un facteur important contribuant à émousser, dans une certaine mesure, un des objectifs du tourisme à l'étranger, la découverte. La gestion de la question féminine va aussi imprégner fortement les modalités d'hébergement, comme le camping par exemple, ou les pratiques comme la plage ou les spectacles. On voit donc que l'« explication » à l'aide des variables de stratification habituelles ne peut au mieux que constituer un simple repérage devant porter, orienter un modèle explicatif plus complet introduisant les logiques de comportement des groupes et des individus. C'est ce qu'il faut avoir à l'esprit en prenant ci-dessous l'exemple de la question de qui part en vacances.Un premier phénomène est que les régions de l'intérieur, notamment les Hauts-Plateaux, et à un moindre degré le Sud, fournissent relativement plus de touristes que les régions littorales. Ceci se comprend d'autant mieux que la principale destination à l'intérieur du pays est précisément le littoral. Mais sur cette tendance se greffe une autre qui est que la destination étranger est plutôt l'apanage des grandes villes où se concentrent les revenus les plus élevés. Une autre, est, comme on pouvait s'en douter la plus grande fréquence de la pratique des vacances en milieu urbain qu'en milieu rural : 35% des urbains prévoient de partir en vacances en 2009 contre 15% en milieu rural. Phénomène assez surprenant, il y a presque autant de femmes que d'hommes qui affirment partir en vacances cet été : 30% d'hommes contre 25% de femmes. La pratique des vacances en famille ou avec des amis explique bien évidemment cette présence des femmes assez forte. L'équilibre hommes-femmes est quasiment respecté pour les différentes destinations.L'âge jouerait par contre de manière négative. Alors que 33% des 18-24 ans pensent aller en vacances, ce sont seulement 15% des plus de 55 ans qui l'affirment. Mais l'effet le plus net est sans doute celui de l'instruction. Il apparaît nettement que plus on est instruit et plus on part en vacances. La proportion passe ainsi de 10% pour les analphabètes à 50% pour les individus de niveau supérieur. La liaison avec le niveau d'instruction apparaît encore plus forte pour les départs à l'étranger. Dans ce dernier cas, l'augmentation de la proportion en fonction du niveau d'instruction est beaucoup plus rapide encore que l'augmentation des départs en vacances en Algérie. Deux derniers « croisements » nous permettent enfin de voir comment joue la situation individuelle, ou, lorsque les personnes sont occupées, la situation dans la profession.Il apparaît que ces variables sont effectivement fortement discriminantes. Pour la situation individuelle, on a d'un côté, les occupés permanents, les étudiants et les personnes au Service national dont les proportions d'intentions de départ atteignent près de 45% et de l'autre, les chômeurs, les retraités et les femmes au foyer dont les proportions sont les plus faibles, variant entre 10 et 15%. Entre les deux catégories se trouve un groupe hétérogène constitué par les occupés occasionnels et qui atteint 25% d'intentions de départ. En fait, même si les deux groupes ont en commun une proportion élevée dans un cas et une proportion faible dans l'autre, ils se caractérisent eux-mêmes par une grande hétérogénéité. C'est ainsi que la proportion élevée chez les étudiants et les individus au Service national s'explique plutôt par l'âge comme on l'a vu plus haut et sans doute le niveau d'instruction, qui se cumulent pour donner une forte mobilité, même si les revenus de ces deux catégories sont faibles. A l'inverse, l'effet revenu et stabilité de ce revenu devrait être prédominant dans l'explication de la proportion élevée atteinte par les travailleurs permanents. C'est la variable revenu qui explique aussi la faiblesse de la proportion chez les chômeurs. Pour les retraités et les femmes au foyer c'est plutôt une mobilité moindre de ces catégories.  >   


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