Agé de 48 ans, le patron du Parti des patriotes démocrates, militant laïc de tendance marxiste et panarabe, était un farouche opposant des islamistes. Il avait été propulsé sur le devant de la scène politique après la révolution.
Coordinateur général du Parti des Patriotes démocrates (PPD), légalisé en mars 2011 après la révolution, Chokri Belaïd, assassiné le 6 février, était un tribun à la voix rugueuse et au franc-parler. Farouche opposant des islamistes, il a souvent défié de front les islamistes du parti Ennahda, au pouvoir après leur victoire aux législatives, en s'attaquant directement à son chef Rached Ghannouchi.
Le 2 février, Belaïd, avait, par exemple, accusé «des mercenaires» d'Ennahda d'avoir attaqué un rassemblement de ses partisans. Et la veille de sa mort, lors d'une émission de télévision, il a dénoncé des «tentatives de démantèlement de l'Etat et de création de milices pour terroriser les citoyens et entraîner le pays dans une spirale de violences».
A la tête des manifestations de Siliana
Grosse moustache noire et sourire en coin, Chokri Belaïd était devenu une figure fort médiatisée de l'alliance des mouvements de gauche (Front populaire) qu'il a constituée en octobre 2012 avec une dizaine de groupuscules d'extrême gauche et nationalistes arabes.
Le poids politique de ce Front, qui se pose en alternative au gouvernement et aux opposants de centre-droit, réunis autour de l'ex-Premier ministre Beji Caïd Essebsi, reste difficile à estimer faute de sondages crédibles. Le PPD dispose d'un siège unique à l'Assemblée nationale constituante élue en 2011.
Chokri Belaïd, dont le mouvement recrute surtout à l'université, où en tant qu'étudiant il affrontait déjà le courant islamiste, a siégé dans la «Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique» qui a canalisé le débat national jusqu'aux premières élections libres post-révolution.
Un brin populiste, il avait conservé l'accent prononcé des paysans du nord-ouest d'où est issue sa famille et a été proche de la classe ouvrière. Il avait pris la tête des manifestations sociales en novembre 2012 à Siliana, s'attirant les critiques du ministre de l'Intérieur Ali Larayedh qui l'avait accusé de manipuler les foules pour fomenter des troubles.
Emprisonné par Ben Ali
Né le 26 novembre 1964 à Djebel Jelloud, près de Tunis, Chokri Belaïd était, avant de se lancer en politique, un avocat défenseur des droits de l'homme. Il avait ainsi souvent plaidé dans les procès politiques sous le régime déchu de Ben Ali, au point d'être emprisonné sous le régime de ce dernier et de son prédécesseur Habib Bourguiba. Il a aussi fait partie d'un collectif de défense de l'ancien président irakien Saddam Hussein et était actif dans le comité de lutte contre la normalisation avec Israël.
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Posté Le : 06/02/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com