Sidi Abû Madyân-Choaïb-ben-Hocein-el-Andalousi, dit plus simplement Bou-Medine,
importa dans le Maghreb les doctrines du soufisme (1258 ap. J.C.). C’est
particulièrement lui qui synthétisa puis vulgarisa dans cette région les principes du
soufisme énoncés par Junayd et Jîlânî et qui, lui-même, fonda un ordre nommé :
l’ordre des Madinya.
Abû Madyân naquit à Séville vers l’an 520 de l’Hégire. Destiné par sa famille à la
carrière des armes, il bifurqua très vite en choisissant une vie contemplative. Il eût
pour maîtres à Fez deux Shaykhs célèbres puis quitta cette ville pour Tlemcen. Là, un
accueil très froid lui fut réservé. Les ‘ulamâ’, jaloux de sa science et de sa popularité,
lui interdirent l’entrée de la ville. Une délégation d’officiels vint à sa rencontre pour
lui expliquer que Tlemcen débordait déjà de savants et qu’il n’y avait plus de place
pour lui, pas plus qu’il n’y avait de place dans le bol de lait qu’on lui offrait
symboliquement, qui était plein à déborder. Abû Madyân répondit de même très
symboliquement. En silence, il extirpa de son burnous une rose fraîchement éclose,
mystère qui intrigua les notables, car ce n’était pas la saison des roses. Il l’effeuilla
dans le bol empli à ras bord ; les pétales surnagèrent sans faire monter et déborder le
liquide. Abû Madyân déclara alors qu’il ne prendrait pas plus de place à Tlemcen que
les pétales de rose dans le bol. Ce prodige força la vénération des habitants de
Tlemcen, si bien qu’Abû Madyân put s’établir dans la région, sur la montagne qui
domine le village d’El-Eubbad, tout près du tombeau d’un Saint : Sidi Abdallah-benAli.
Puis il voyagea à la Mecque où il rencontra Jîlânî, qui devint son maître et son
ami.
Abû Madyân aimait à définir ainsi son élan pour Dieu :
Le sentiment de la grandeur et de la toute-puissance divine exalte mon âme,
s’empare de tout mon être, préside à mes pensées les plus intimes, de même
qu’aux actes que j’accomplis au grand jour et aux yeux du monde. Ma
science et ma piété s’illuminent de l’éclat des lumières d’en haut. Quel est
celui sur qui se répand l’amour de Dieu ? C’est celui qui le connaît et qui le
recherche partout, et encore celui dont le cœur est droit. Sachez-le bien,
celui-là seul s’élève dont tout l’être s’absorbe dans la contemplation du TrèsHaut.
Dieu n’exauce point la prière, si son nom n’est pas invoqué. Le cœur de
celui qui le contemple repose en paix dans un monde invisible. C’est de lui
qu’on peut dire : « Tu verras les montagnes que tu crois solidement fixées,
marcher comme marchent les nuages. Ce sera l’ouvrage de Dieu qui dispose
savamment toute chose.
Abû Madyân mourut en 1198 dans les environs de Tlemcen.
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Posté Le : 20/11/2016
Posté par : soufisafi
Ecrit par : Albrecht Pierre-Yves
Source : https://doc.rero.ch