Qui est le Spielberg de l'Etat islamique'

Une nouvelle fois, Daesh ou l'Etat islamique a marqué les esprits de la planète avec ses mises en scène scabreuses dignes des pires films d'horreur de Hollywood à l'image de Saw ou du Massacre à la tronçonneuse. Dans sa dernière vidéo, l'Etat islamique a exposé la démonstration de ses moyens audiovisuels dans la mise à mort d'un de ses otages. Une vidéo de 25 minutes sous-titrée en deux langues: anglais et arabe, où il affiche une maîtrise technique parfaite de la propagande. Jusque-là l'EI se contentait de montrer des décapitations avec un discours de propagande bien huilé en arabe et en anglais. Même la police de caractère des sous-titres sont semblables à ceux utilisés par Al Jazeera pour atteindre une cible arabe et par extension une cible internationale. Dans sa nouvelle vidéo l'EI montre une image de synthèse d'un avion qui se disloque en formant le générique sous le titre Shifa essoudour (Le remède des poitrines en arabe). Une vidéo qui a été visionnée par des millions de personnes en l'espace d'une heure. L'Etat islamique a commencé son macabre film par des images d'archives sur l'intervention occidentale contre Daesh, des images du discours du roi de Jordanie Abdallah II, suivi du témoignage du pilote jordanien Moad El Kassassba. Un témoignage qui a valeur de reconnaissance, puisque le pilote qui apparaît amoché, donne les noms des pilotes et des pays arabes qui participent aux attaques contre Daesh. A la fin du film, le service de propagande lance même des mandats contre les pilotes arabes qui attaquent ses bases en Irak et en Syrie. L'image est tournée en studio, d'une manière très professionnelle, avec un fond noir adapté pour les documentaires d'investigation ou d'espionnage, avec une infographie visuelle parfaite chargée d'effets spéciaux et d'étalonnage des couleurs. Chaque pays qui participe aux attaques est signalé par l'apparition de son drapeau. Chaque image et chaque insert a un sens et sa présence est justifiée. L'entrée en scène du pilote jordanien pour son exécution est filmée comme un clip de propagande, avec qualité image HD, des plans de coupes très variés, montrant la puissance de l'armée de Daesh. Les images très bien filmées, montrent des hommes habillés en tenues propres, en couleur sable, postés dans le décor en ruine comme des soldats de plomb. Une mise en scène qui a nécessité une équipe technique d'au moins cinq personnes, avec un directeur photo, un cadreur et surtout un metteur en scène. Le tournage aurait pris au moins deux heures, avant l'exécution finale qui est digne des grandes mises en scène hollywoodiennes. On a même utilisé des grues pour les captations en contre-plongée. Images au ralenti, filmées vraisemblablement avec des Canon 5D Mach III et des GO pro 4 HD qui filment 30 images par seconde et qui offrent une image au ralenti très fluide. On y voit par exemple comment la flamme prend son chemin vers la cage et comment le feu atteint le pilote. Des images insoutenables qui ont démontré une nouvelle fois la bestialité et la monstruosité des modes d'exécution de Deash, jamais atteint jusque-là par un groupe terroriste quels que soient sa politique et son message de propagande. Une mise en scène bien soignée qui montre la maîtrise technique du service audiovisuel de la propagande de Daesh, mais qui pose véritablement la question sur qui est le Spielberg posté derrière cette propagande islamiste de grande envergure. Ce qui est sûr est que cette personne a fait des études audiovisuelles dans une grande école occidentale ou a passé des années derrière une régie d'une grande télévision. Elle maîtrise aussi bien la mise en scène que la photo, l'étalonnage des couleurs ou les messages sémantiques développés derrière ses vidéos. Du grand cinéma au service du terrorisme en puissance.amirasoltane08@live.fr