La multiplication et la généralisation des canaux de communication ont généré une inflation de «l'information». Il y a de tout et il en arrive de partout, en temps réel, quand Internet le permet. La connexion en microsecondes est encore un rêve fou en Algérie. Ça n'empêche pas l'info, quelle qu'elle soit, de circuler et, par la grâce du web, de parvenir à tous les citoyens qui s'y intéresseraient. Critiquée, dénigrée, voire dénoncée, dans un premier temps, par les professionnels des médias, ce type d'information qu'on ne se donne la peine ni de recouper ni de crédibiliser, ne tardera toutefois pas à devenir une source pour ceux-là même qui la vilipendaient. La rumeur devient l'égale de l'information. On inventera les concepts qui lui en donneront l'apparence. «Rumeurs persistantes», «informations fuitées», «sources bien informées», «sources proches du dossier» deviennent les expressions qui permettent d'«authentifier» la rumeur où l'information incertaine se confond, tout en se ménageant une voie de repli si elle s'avère fausse ou qu'elle est démentie. L'information se confond avec la désinformation. On balance ce qu'on a et, si c'est faux, on passera à autre chose. Il n'est même plus question, si ce n'est de faire son mea-culpa, de tirer au moins les leçons pour ne pas retomber dans la désinformation et revenir au professionnalisme dans le traitement de l'information. Dernier exemple en date : le limogeage de deux responsables, le DG d'Algérie Poste, Mohand Laïd Mahloul, et le DG de l'Office national du hadj et de la omra (Onho), Cheikh Berbara, donné par des chaînes d'informations et des titres de la presse. La prétendue information fait le tour du pays. Mais elle sera tout de suite relayée par un démenti qui suivra le même circuit : le «on-dit», la rumeur. Du côté officiel, rien ne vient. Ni confirmation ni infirmation. Le silence reste le caractère dominant et récessif de la communication institutionnelle, qui, quand elle n'est pas sélective, se fait à doses homéopathiques. Il faudra attendre trois jours pour que la ministre de la Poste, Zohra Derdouri, démente le limogeage, parce qu'interrogée sur la véracité de l'information. Mme Derdouri dira «n'avoir rien reçu dans ce sens», que le DG était «toujours en poste» et qu'elle n'avait, pour le moment, «rien d'officiel» concernant son départ. Ça ne sera pas le cas pour M. Berbara dont le départ est confirmé par le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, qui dira qu'il est intervenu sur instruction du président de la République, en annonçant même la désignation prochaine de son remplaçant. Mais, encore une fois, une information est rapportée par la presse selon laquelle ce responsable continue de signer des documents officiels. Qui dit vrai, qui dit faux, qui croire surtout !' Rumeur égale information, égale désinformation, égale communication. Officiel et informel se confondent et s'entremêlent, sur le marché comme dans les médias. Il y a un grand ménage à faire, dans les deux domaines, et d'autres, que les responsables connaissent mieux que quiconque parmi les journalistes et pseudos journalistes.H. G.
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Posté Le : 17/12/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hassan Gherab
Source : www.latribune-online.com