Perdu dans l’oubli, un monument funéraire datant de l'Antiquité repose en silence sur le site enchanteur des Aiguades à Béjaïa. Le tombeau de la phénicienne, mystérieux et méconnu, borde discrètement le bas-côté de la route, à une vingtaine de mètres seulement du mausolée de Sidi Aïssa. À première vue, rien ne laisse présager que cette imposante masse rocheuse, dissimulée par un talus et quelques arbustes, abrite un sépulcre phénicien.
Ce tombeau, visiblement «visité» au fil du temps, a perdu son sarcophage, ne laissant derrière lui que la niche soigneusement creusée dans la roche. Un relief manquant dans le bloc de granit blanc semble indiquer cette «visite» et témoigne des mystères que ce site renferme encore. La masse rocheuse, d’un diamètre approximatif de 12 mètres, révèle un caveau vertical de près de deux mètres de hauteur. Au sommet de cette roche, une bassine taillée dans la pierre, accompagnée d’une rigole, offre un indice précieux quant à l’utilisation de cet espace pour des rituels funéraires.
Les dimensions du monument, ainsi que l'architecture de la niche verticale surmontée de la bassine, laissent penser qu'il s'agit probablement de la sépulture d’un haut dignitaire phénicien. Les phéniciens, connus pour leurs rituels funéraires élaborés, avaient pour coutume de sacrifier un bélier lors des obsèques de leurs nobles et membres de la caste royale. Le sang de l'animal sacrifié était versé dans la bassine et s'écoulait par la rigole taillée dans la roche, un détail qui confirme l’importance symbolique de cet ancien tombeau.
Ce monument trouve tout son sens dans le contexte historique des Aiguades, autrefois port romain. Les phéniciens, célèbres navigateurs et commerçants, établissaient des liens avec des ports tout au long de la Méditerranée. On raconte que lorsqu'un marin phénicien décédait en mer, il n'était ni jeté à l’eau ni rapatrié dans sa patrie. Au lieu de cela, il était enterré dans le port le plus proche. Ainsi, la tombe de Vaga pourrait avoir accueilli l’un de ces illustres navigateurs, renforçant l'idée que ce lieu a joué un rôle crucial dans les échanges maritimes antiques.
Malheureusement, ce joyau du patrimoine archéologique, historique et naturel de la région est aujourd'hui tombé dans l’oubli. Le site, empreint de mystère et de valeur historique, attend toujours une réhabilitation qui tarde à venir. Ce vaste chantier, essentiel à la valorisation d’une région riche de plus de trois mille ans d'histoire, n’a toujours pas vu le jour, malgré l’urgence de préserver et de mettre en lumière cet héritage millénaire.
Béjaïa, avec ses trésors enfouis et son passé prestigieux, mérite qu’on ravive la mémoire de ses monuments antiques, en commençant par la tombe de la phénicienne.
Posté Le : 10/09/2024
Posté par : patrimoinealgerie
Source : https://web.facebook.com/people/Bejaia-La-Perle/100064729297540/