Qui accuse et qui défend '

étaient-ils seulement convaincus qu'ils le feraient le moment venu ou n'était-ce là qu'une vulgaire autre façon de balader l'opinion publique 'En attendant qu'ils mettent en application leurs engagements à défendre bénévolement les jeunes victimes d'arrestations arbitraires durant les marches, assistés, pour l'heure, par un nombre très insuffisant d'avocats, on appréciera le temps qu'ils mettront à se constituer en faveur de ces derniers. Même s'ils ne l'ont pas fait longtemps durant, on se souvient quand même qu'ils avaient juré à qui voulait les entendre leur détermination à s'émanciper des pressions et à ne plus exercer qu'en toute indépendance ! Ils ont hurlé tout cela à qui mieux mieux, par crainte que la rue qui prenait de plus en plus d'assurance n'y prête aucune attention. On ne les a plus entendus depuis. Je ne sais pas s'il faut continuer à se fier aux propos tenus alors par les avocats qui avaient remis ça en venant soutenir les magistrats lorsqu'ils étaient sortis à leur tour se dire animés par la même détermination. C'est vrai que douter n'est pas vraiment recommandé pour la paix de l'esprit. Il ne faut pas croire, mais cela tout le monde s'en doute, que les choses rentreront dans l'ordre d'un coup de baguette magique ou que les hommes et femmes de loi rendront de sitôt la justice comme elle doit l'être. Mauvaise tendance à devancer ce qu'en haut lieu, on attend d'eux, ces derniers se contenteront-ils d'énoncer d'hypothétiques bonnes intentions ' Les effets d'annonce étant ce qu'ils sont, la rue ne se fait aucune illusion sur la vocation qui pourtant devrait être la leur. Et elle ne manquera pas, un jour, de leur rappeler leur penchant outrageusement marqué pour l'autorité d'où qu'elle s'exprime.
Pendant ce temps, comme de sombres criminels, de jeunes manifestants sont injustement livrés aux affres des prisons.
Les juges qui les y ont envoyés croupir, partagent les points de vue de ceux qui, incroyable mais vrai, estiment que brandir l'emblème amazigh porte atteinte à l'unité nationale. Les tribunaux qui ont acquiescé et tranché dans ce sens regarderont, d'un ?il attentif, la rue s'ébranler pour leur libération.
M. B.