Qui a gagné '

Il y avait foule partout. C'est le jour J. Toutes les économies y passent. On achète tout et rien. On se prépare. Les familles se rassemblent dans un même domicile. On règle les antennes paraboliques. On met à jour les démos. Toutes les prières s'expriment à haute voix. Allah ijib el khir. Tour à tour, les déclarations à la télé n'arrêtent pas. Chaque image est analysée. Tous les Algériens sont devenus spécialistes. Chacun son argumentaire. Ses argumentaires. Plus on élève la voix plus l'argument est juste. Par respect on laisse les parents installer leur sagesse. Que le meilleur gagne. Les membres de famille, pourtant unis sous un même toit se divisent. «Tu vas voir ce que tu vas voir, khasrine, khasrine». L'autre camp n'est pas du même avis. «ya oueddi barakat, à chacun son tour. Et puis, avec toutes les magouilles qui sont apparues au grand jour, tout ce que dit la presse sans retenue, ce n'est pas du bluff. Kayna. Les paris vont bon train. L'étudiant, lui, de sa voix enrouée à force de gueuler pour avoir sa bourse, tente tant mal que mal à leur expliquer que les donnes ont changées. Que les managers peuvent dire une chose et son contraire, c'est juste pour la consommation des supporters de l'un et de l'autre. La vérité se joue actuellement sur le terrain. Et c'est le terrain qui décidera qui va gagner. Tout le reste n'est que khorti.Le lendemain tous les regards étaient rivés sur l'écran. Ça commence, les galeries s'échauffent et les esprits aussi. Des tacles il y en a eu, l'arbitrage ne fait pas l'unanimité. Les minutes passent, le silence se fait bruyant. Chacun brandit son fanion. On attend le résultat. « Ils sont à égalité, parait-il ». Non, ils étaient à égalité. Mais alors dites-nous qui a gagné. « AAlach tu t'en doutais ' c'est bien entendu le Réal de Madrid qui a gagné. »