Algérie

Qui a fourvoyé le Niger'



Qui a fourvoyé le Niger'
Le Niger, en butte à une situation sécuritaire et humanitaire très délicate, est soutenu par l'AlgérieLes migrants nigériens rapatriés dans leur pays reviennent systématiquement en Algérie et s'adonnent pour nombre d'entre eux à la mendicité comme activité principale.
La question des migrants nigériens a été évoquée, hier, au Parlement de ce pays. Le ministre des Affaires étrangères, Ibrahim Yacoubou, s'est dit «préoccupé» par le rapatriement massif de ses ressortissants par Alger. M.Yacoubou, qui n'a pas évoqué les très nombreuses aides alimentaires assurées par l'Algérie pour venir en aide aux populations nigériennes menacées par la famine, a informé les députés que «plus 20 000 Nigériens ont été rapatriés d'Algérie sur quatre ans». Le ministre ne fait pas référence ni aux conditions de transfert ni à l'attitude des autorités et de la société algérienne, envers les migrants nigériens. Pour M.Yacoubou le fait que l'Algérie reconduise en moyenne annuelle quelque 5 000 ressortissants nigériens vers leur pays, «est une préoccupation importante pour nous et nous l'avons fait savoir» aux autorités algériennes, révèle-t-il, comme si le gouvernement nigérien était en position de refuser le retour, dans leur pays, de ses propres citoyens.
Le Niger, en butte à une situation sécuritaire et humanitaire très délicate, est soutenu par l'Algérie qui a ouvert avec ce pays des canaux officiels de dialogue. Le soutien est allé jusqu'à l'effacement de la dette détenue par l'Algérie sur le Niger. Les deux pays qui développent des relations diplomatiques assez denses, faut-il le souligner, ont accordé leurs violons pour assurer le rapatriement des migrants nigériens dans les meilleures conditions humanitaires. D'ailleurs, l'ensemble des institutions internationales ont mis en exergue l'excellente gestion par l'Algérie de ce dossier, confié, dans son volet opérationnel, au Croissant-Rouge algérien. Il semble que le ministre nigérien des Affaires étrangères ait quelque peu oublié l'apport de l'Algérie dans la stabilité, encore relative de son pays et préconisé «un cadre plus précis pour gérer cette migration».
Sur le sujet, le ministre affirme avoir «plaidé» en faveur des «acteurs économiques» nigériens qui ne sont en réalité que les travailleurs clandestins opérant dans des chantiers de construction aux quatre coins de l'Algérie. M. Yacoubou souhaiterait que ces migrants-là soient «épargnés». Une proposition plutôt bizarre.
Il faut savoir que les premières opérations ont commencé en 2015 par le rapatriement de 3 000 Nigériens, dont 76% d'enfants, dans leur pays. Si ces reconduites aux frontières n'avaient pas, en leur temps, suscité de polémique, ceux effectués il y a quelques mois ont «soulevé» un tollé dans des milieux activistes qui avaient pris appui sur une déclaration de Ahmed Ouyahia, à l'époque directeur de cabinet à la présidence de la République, pour monter toute une campagne contre les rapatriements de migrants. Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, avait confirmé les propos de Ouyahia, en pointant du doigt des réseaux de passeurs. Il y a lieu, à ce propos, de se poser la question de savoir, comment des milliers d'enfants parviennent à franchir la frontière algéro-nigérienne et traverser l'un des déserts les plus dangereux au monde et finir dans une ville algérienne. Il y a manifestement derrière cette immigration clandestine des réseaux criminels. Il aurait été intéressant que le Niger coopère avec l'Algérie pour traquer ces réseaux qui font dans la traite d'êtres humains. Pour l'heure, les migrants nigériens rapatriés dans leur pays reviennent systématiquement en Algérie et s'adonnent, pour nombre d'entre eux, à la mendicité comme activité principale. Ce retour, visiblement facilité par une organisation bien huilée, suscite les interrogations des Algériens. Ces derniers ne comprendraient certainement pas l'argument du gouvernement nigérien, indiquant que ses ressortissants vivent dans une«situation de vulnérabilité extrême et sans emplois en Algérie», pour justifier leur rapatriement. Il convient de souligner, à ce propos, qu'outre la solidarité exprimée par les Algériens à l'endroit de ces Nigériens, le gouvernement a multiplié les dons au bénéfice des populations de ce pays.


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