Algérie

Questions pour un champion



Que reste-t-il comme questions que nous n'ayons pas encore posées pour comprendre le fonctionnement de la machine Algérie et pouvoir agir sur ses innombrables pannes prévisibles ou ayant dû être prévues ? Ça dépend. Quelles sont les priorités dont nous avons décalé l'ordre et qui, par cette cause ont provoqué un dérèglement des appareils administratifs, économiques, d'enseignement, de santé, de justice, d'infrastructures, au point de rendre invisible tout effort de développement, limité aux seules dépenses publiques, sans évaluation d'impacts, sans assurance de la reproduction du capital, sans création de richesses pérennes, sans mise en place d'une stratégie définitive, en dehors de celle qui fait défiler des hommes au pouvoir et le pouvoir en les mains d'une poignée d'hommes ? Ça dépend. Comment le monopartisme a-t-il pu tenir le coup grâce au manque d'exigence d'une population sortie d'une guerre de sept années, ayant avalé les meilleurs fils de ce pays, bien que le multipartisme imprimait la vie politique avant même la guerre de sept ans ? Pourquoi donc le peuple indépendant n'a-t-il pas pu renouer rapidement dès l'indépendance, avec le pluralisme politique, sans guerre civile et en toute sérénité, ce qui nous aurait fait gagner beaucoup plus de temps pour passer aux choses sérieuses ? Ça dépend. Pourquoi a-t-on importé des chiens « bergers allemands » à un moment, pour apprivoiser la population et qui, faute de comprendre les ordres avaient mordu nombre d'agents de l'ordre, ce qui a obligé les pouvoirs publics à les recycler au Français ? La manoeuvre à l'époque consistait à nous faire correctement traverser les rues, exactement sur les passages protégés faute de quoi, les chiens, devaient nous rappeler à l'ordre. Ça dépend. Pourquoi l'industrie industrialisante, concept largement soutenu par la folie des années pétrolières par plans triennaux, quadriennaux et quinquennaux successifs, pour faire émerger un prolétariat des entrailles de la paysannerie n'a-t-elle fait émerger qu'un semblant de libéralisme sans idéologie et tué l'agriculture ainsi que l'élevage, dans un pays anciennement exportateur de produits agricoles et de viande ? Pourquoi avons-nous fini par n'être ni agriculteurs ni industriels et que nous reculons dans nombre de secteurs des services, malgré le fleuve de compétence qui s'assèche à vue d'oeil, alors que les pays développés lui tendent leurs ruisseaux pour les rejoindre, dans leurs projets d'avenir ? Pourquoi ceux qui n'ont aucune compétence ne sont-ils pas pris en charge pour une qualification, en fonction des énormes besoins du pays et qu'ils se croient obligés d'aller mourir en mer, se transformer en gangs ou se faire recruter par la violence pour enfin, être reconnu ? Ça dépend. Pourquoi faut-il s'apparenter à un gradé dans l'armée, à un haut cadre de l'administration gouvernementale, être le frère, la soeur, le fils, la fille, le gendre ou la bru ; être cousin ou cousine, oncle ou tante ou simple porteur du nom de quelqu'un placé dans le sérail du pouvoir, pour gravir les échelons de la société à une vitesse plus rapide que celle du son ; pour bénéficier des atouts du pays en ne laissant au reste de la population que le choix entre Charybde et Scylla et aux jeunes, juste un peu d'air à respirer parce que gratuit ? Ça dépend. Pourquoi avant de s'attaquer aux grands axes routier Est-Ouest ou Nord-Sud, pour faciliter la circulation d'une marchandise que nous ne produisons même pas et qui fait fonctionner les usines du monde entier, on ne jetterait pas un peu de goudron dans les innombrables nids-de-poule semés à travers nos villes et villages par mépris de la part des budgets communaux et de ceux qui ont la charge de les gérer ? Et essayer par la même occasion de planter des fleurs qui durent un peu plus qu'un jour de visite présidentielle dans les ronds-points ? Et essayer par la même occasion de nettoyer toutes les rues et pas seulement celles par où passe le cortège Présidentiel de cette République que l'on a voulue démocratique et surtout populaire ? Ça dépend. Pourquoi nos universités soumises à classements internationaux reviennent-elles bredouilles et honteusement positionnées sur une grille d'évaluation maintes fois refaite, pour notre rattrapage, ne se sont-elles transformées qu'en parkings humains, le temps d'aller au service national pour les garçons, le temps de se trouver un mari pour les filles ? Pourquoi ces universités sont-elles immenses par leurs surfaces et rétrécissent-elles au lavage dès que les véritables problèmes de la société l'interpellent ? Pourquoi les chercheurs ne trouvent que ce qui a déjà été découvert ailleurs parce qu'ils sont plus sous-payés qu'ailleurs ? Pourquoi alors sont-ils sous-payés ? Ça dépend. Pourquoi notre culture n'a pas permis une expression artistique de niveau international ? Pourquoi les gravures et autres peintures rupestres de nos supposés aïeux préhistoriques n'ont-elles pu se transformer en source d'inspiration pour se transformer ensuite en moteur d'art ? alors que nous avons des artistes de niveau international ? Nos aïeux préhistoriques n'étaient pourtant pas plus bêtes que ceux des autres. Pourquoi le ministère de la Culture s'est-il privatisé et qu'il ne serait pas installé là où la Culture existe réellement c'est-à-dire pas forcément dans la capitale arabe de la Culture ? Ça dépend. Pourquoi les habitants du Sud pensent que les richesses extraites de leurs sous-sols par la seule grâce de Dieu d'abord et des Occidentaux ensuite, ne reviennent pas vers elles sous forme de billets de banque ou de projets réels ? Pourquoi ces populations refusent-elles de n'être bonnes qu'à alimenter le folklore national et les urnes ? Pourquoi alors n'y a-t-il pas de haut gradé noir au niveau de l'Etat alors qu'une bonne partie de la population algérienne est d'origine africaine ? Pourquoi nos langues nationales ne seraient-elles pas toutes officielles ? Ça dépend. Pourquoi réclame-t-on un week-end universel alors que nous fuyons chaque jour un peu plus l'Univers ? Pourquoi Alger qui étouffe sous le poids du nombre de voitures serait-elle la capitale d'un pays grand comme un continent ? Ça dépend. Pourquoi n'arrive-t-on pas à faire venir Khalifa au pays pour connaître enfin les dessous de l'affaire qui porte son nom et continuer à traiter les autres affaires qui restent en suspens parce que leurs issues n'ont pas encore été trouvées politiquement ? Ça dépend.  Ça dépend de quoi ? Ça dépend de celui qui pose les questions et surtout de celui qui a été désigné pour y répondre. Là encore ...ça dépend.




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