Pathétique confession de l'universitaire Wassila Tamzali rapportée par notre confrère Liberté dans son édition d'hier. S'exprimant sur le congrès international de la Tariqa Alaouia qui s'ouvrira le 2 novembre prochain à Oran sous le thème «Parole aux femmes», Mme Tamzali dit ceci : «Les mouvements féministes, dans les pays du Maghreb notamment, n'ont pas démérité, mais nous ne sommes pas parvenues à avoir un impact sur la population?»Et d'ajouter, dans la foulée : «Bien au contraire, celle-ci (la population, ndlr) a plongé dans un conservatisme archaïque» ! Si nous devions nous satisfaire du mérite de la clarté dans ce propos en le prenant comme un aveu d'échec du «mouvement féministe» dans ses capacités à peser sur la société, on peut dire sans hésiter que c'est réussi ! Il se pourrait même que le constat n'ait pas besoin d'être rappelé à l'occasion, tellement il est évident.Les capacités du mouvement féministe à peser sur la société, et par ricochet celles de l'ensemble du mouvement d'opinion qui a comme ambition la modernité, sont maintenant connues de tous.Pour plein de raisons, mais d'abord et surtout parce que de l'autre côté, chez ceux dont le projet est de ramener la société à un «conservatisme archaïque», l'y maintenir ou la pousser plus? en arrière ont bien travaillé, eux.Non seulement ils ont «un impact sur la société» mais ils ont fini par s'imposer. Par détermination, par conviction, par la présence, par l'inquisition et par? la terreur.Alors qu'ils envisagent que leur «combat», dans tous les sens du terme, les place naturellement et spontanément dans une position offensive, convaincus qu'ils sont dans le bon droit que leur confère providentiellement le dogme religieux, ceux qui sont censés leur faire opposition se confinent dans une posture timorée et ambiguë, partagée entre la quête impossible du compromis et la tentation lâche de la compromission.Prise en otage par la terreur intégriste qui y déploie chaque jour un peu plus amplement son emprise, et un pouvoir politique qui lui cède par pans entiers les espaces vitaux du pays, la société a opposé quelques résistances téméraires avant de se résigner à vivre cachée, puis? se résigner tout court. Orphelins d'une élite intellectuelle susceptible de peser sur le cours des choses et d'un projet alternatif assumé, incarné et défendu avec conviction, les Algériens en sont arrivés à lorgner le «moins pire».Sinon, on n'en serait pas encore à cette petite ambition d'une autre universitaire, Mme Nadia Aït Zaï, qui s'exprimait à la même occasion : «Reconnaître et associer les femmes à la construction et à la promotion de la culture de la paix est important. Cela répond à l'engagement des citoyennes que nous sommes, même si notre voix n'est pas souvent écoutée»!Et de poursuivre : «Peut-être en sortirons-nous avec une proposition d'aller vers l'esprit et non la lettre des textes religieux, droit musulman compris»!On pensait que les femmes «engagées» n'avaient pas besoin d'être «associées» à un débat, elles prennent la parole. On pensait aussi que les féministes, comme tous les gens éclairés, étaient capables de refuser le terrain religieux pour le débat d'idées et ne pas ergoter sur «l'esprit et la lettre du texte religieux» !Slimane Laouari
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Posté Le : 27/10/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com