Algérie

Question d?agenda


Ses effets nous arrivent en plein, déjà : l?un des plus percutants questionnements de la sociologie américaine de la communication, sous le néolibéralisme triomphant, est porté par la théorie de « l?agenda setting ». Avec cette hypothèse forte : le pouvoir des médias n?est pas tant d?indiquer aux publics ce qu?ils doivent penser, mais plutôt les « bons » sujets auxquels il faut penser. Histoire de leur tracer le « bon » moule, endiguant les idées sujettes à contestation citoyenne. Des actes de nos gouvernants nous montrent l?acclimatation des recettes de cette propagande soft en Algérie. MM. Bouteflika et Ouyahia ne sont pas prêts à inclure dans l?agenda de démocratisation du pays les syndicats autonomes comme partenaires de bonne gouvernance. Cependant qu?en grande pompe une commission vient d?être installée pour faire rayonner à l?étranger le semis algérien du concept, particulièrement au club du Nepad, le chef de l?Etat a déclaré son seul respect à l?UGTA, devant un aréopage d?apparatchiks. Lui emboîtant le pas, le chef du gouvernement a tout simplement, lui, traité « d?anarchique » (sic) le syndicat autonome Cnapest des professeurs du secondaire. Peuvent-ils, en disant cela, s?imaginer la teneur des violences qu?ils vivent au quotidien, entre autres, les classes bourrées à maximum d?ados se demandant s?il est bien utile pour l?avenir d?arracher des diplômes supérieurs en lieu et place de suivre le bon plan du galonné du quartier ou du mafioso roulant 4/4 ? Chaque jour apportant son lot de clochardisation imposée à la profession d?enseignant, à laquelle on refuse autonomisation syndicale, des journaux ont eu le bon réflexe d?alerte en faisant écho à un récent communiqué de six cents d?entre eux, qui n?ont pas reçu leur salaire depuis des mois. « Nous continuons, écrivent-ils, dans la précarité, le dénuement et l?insoutenable mépris à remplir courageusement notre mission d?éducateur. Mais jusqu?à quand cette situation va-t-elle durer ? » Dans ce feuilleton à faire penser à des sornettes, on a eu droit aussi, vendredi dernier, à un nouveau tour magicien de M. Ouyahia lors de sa conférence de presse. Pour renvoyer aux calendes grecques le principe universel une voix d?homme égale une voix de femme, il s?est ingénié à citer un sondage (sans aucune précision élémentaire de validité) qui aurait scanné, en septembre dernier, l?éternelle volonté mâle, avec le chiffre alibi de 89% de la population algéroise pour le maintien du tutorat exercé sur la femme.
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