Algérie

Quels principes adopter pour un partenariat innovant '


Quels principes adopter pour un partenariat innovant '
Le thème du partenariat a toujours passionné nos responsables et analystes, et ce, à juste titre, car il demeure un puissant vecteur potentiel d'amélioration des performances économiques.Mais ce serait le cas uniquement si l'on disposait de principes et de mécanismes à même d'en tirer le maximum de profits. Dans ce domaine, comme pour le reste, les expériences internationales sont précieuses.Elles nous permettent de déceler les meilleures pratiques afin d'en bénéficier. Par ailleurs, nous-mêmes nous avions eu beaucoup de tentatives qui méritent qu'on s'attarde sur leurs résultats. En ces temps de crise, nous ne pouvons plus nous permettre de dilapider les quelques précieuses ressources qui nous restent. Quelques partenariats importants ratés risquent de nous emmener droit vers des catastrophes économiques.Nous sommes passés en un laps de temps très court de l'euphorie à l'alarmisme. Autant il fallait rejeter le premier dogme, autant on devait se méfier du second. Nous étions obnubilés par une croissance artificielle, obtenue par une injection coûteuse et massive de ressources tirées d'une rente pétrolière qui a presque zéro probabilité de se reproduire.Certes, l'Etat a suivi en grande partie des recommandations d'«experts» qui prodiguaient une relance par les infrastructures, alors qu'il fallait le faire par l'offre (investissement productif, éducation, management, etc.).Une terrible erreur de méthode nous a été fatale. Ne nous trompons pas dans notre riposte car les conséquences seraient dévastatrices. Le partenariat sera un pilier des mesures attendues. Les questions légitimes qu'ils convient de se poser sont les suivantes : quels types de partenariats faut-il promouvoir en ces temps de crise ' Quels sont ceux qui ont un effet salutaire et multiplicateur de l'activité économique 'Quelques réflexionsLa culture économique algérienne demeure très spécifique. Nous avions toujours été méfiants vis-à-vis de l'ouverture à l'international. Parfois, cette prudence serait justifiée et souvent pas tout à fait. Souvenons-nous de l'ère du développement autocentré. Non pas qu'on le cherche encore, mais il a laissé des traces dans les modes de fonctionnement et de pensée de nombreux de nos décideurs.Les expériences internationales nous révèlent que les pays qui réussissent les partenariats réunissent au moins deux conditions, sinon quel que soit le type retenu, on aurait au mieux des résultats mitigés. Premièrement, nos administrations et nos entreprises doivent être en position de s'améliorer rapidement en termes d'innovations, de technologie et de management.C'est-à-dire que nos institutions deviennent au fur et à mesure des entités apprenantes. En second lieu, nous devons avoir une vision, une stratégie, savoir où l'on va de telle sorte à intégrer le partenariat dans les dispositions stratégiques aussi bien du pays que celui des entreprises. Nous avons développé beaucoup de partenariats perdants, où nous n'avons eu aucun transfert de savoir-faire managérial ou technologique (cimenteries, El Hadjar, etc.).Le partenariat a très peu apporté à la plupart des pays en voie de développement. Lorsque le management est faiblement maîtrisé, les entreprises internationales tirent profit des lacunes de ces pays en développant des partenariats gagnant-perdant. Les firmes viennent alors construire des projets clés en main, parfois surévalués, sans transfert technologique ou managérial. Les mêmes projets se répètent alors. Lorsque le pays n'a pas de stratégie de développement avec une maîtrise technologique, les multinationales en profitent.L'exemple des pays du golfe est édifiant. Ces derniers ont opté pour une modernisation sans développement. Alors, les partenariats développés concernent les constructions et le conseil pour les fonds d'investissements. Ces pays se modernisent mais ne se développent pas. Il suffit de quelques problèmes de sécurité pour que l'économie de Dubaï s'essouffle.Les pays qui réussissentLes partenariats réussis sont ceux qui donnent lieu à des transferts importants de savoir-faire technologique et managérial. Mais il faut préparer les institutions d'abord. Le partenariat serait alors fort utile. Considérez la Corée du Sud. Dans les années quatre-vingts, elle a négocié la construction de plusieurs TGV avec l'entreprise française Alstom. L'exigence coréenne était qu'au bout de quelques années l'entreprise coréenne partenaire devait produire et vendre en Asie des TGV coréens. Il y a un important transfert de technologie qui s'opère.De nos jours, les pays qui construisent en partenariat des autoroutes exigent que les derniers kilomètres soient construits par des entreprises du pays d'accueil pour que plus tard ils construisent eux-mêmes d'autres autoroutes. La même chose demeure vraie pour les barrages, les édifices publics, etc. La Malaisie a négocié de nombreux partenariats qui se sont soldés par de lourds transferts de savoir-faire technologique et managérial.C'est ce qui explique en grande partie leurs avancées dans de nombreux domaines : électricité, électronique, mécanique, etc. Nous avons une économie fortement marquée par la contrainte extérieure (devises). Le partenariat doit surtout débloquer cette situation. L'impact sur la balance des paiements de toute activité de partenariat doit être calculé positif.Le secteur privé, moteur de l'activité économique en économie de marché, serait en première ligne du montage de partenariats. Dès lors que la stratégie économique serait claire et que les prix se rapprochent de leur valeur réelle (surtout la monnaie extérieure), les entreprises seraient à même de faire des calculs économiques pour développer des partenariats gagnant-gagnant. La règle des 51/49 peut être préservée pour les secteurs stratégiques.Le secteur public devrait plutôt se focaliser sur des activités stratégiques. On doit solliciter le partenariat pour les entreprises qu'on n'a pas su rentabiliser. Eviter d'aller vers les activités déjà très rentables (les cimenteries).Par ailleurs, l'exportation va devenir un axe prioritaire, et c'est dans le processus de conquête de marchés internationaux qu'on aura le plus besoin de partenaires étrangers. Mais la meilleure manière d'utiliser nos ressources rares (devises) seraient d'acheter ou de prendre des parts majoritaires dans des entreprises étrangères de haute technologie qui sont en difficulté (ingénierie agricole, informatique, nano-technologie, etc.) et transférer leurs activités en Algérie (pour réexporter).La Chine fait cela avec brio (ce qui explique l'achat par ce pays de Volvo, IBM et bien d'autres). Le partenariat peut faire beaucoup pour accélérer le développement d'un pays dès lors que l'on maîtrise ses principes fondamentaux. Il peut alors enrichir considérablement le pays. Mais il peut aussi appauvrir le pays et le laisser dans un perpétuel état de dépendance s'il est conduit par des amateurs qui ne maîtrisent pas ses fondements et ses mécanismes de base.


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