Algérie

Quels leviers pour le financement de la réindustrialisation '


Quels leviers pour le financement de la réindustrialisation '
Alors que les revenus pétroliers du pays s'amenuisent, le pays ne s'est pas encore doté d'un véritable marché financier.Dans ces conditions, le financement de la nouvelle politique industrielle ne va-t-il pas se poser ' La question est d'actualité. Mohamed Bouchakour, économiste, affirme que l'on peut innover dans l'institutionnel et sortir des sentiers battus. L'Etat peut, par exemple, dans la filière laitière, lancer un appel à manifestation destiné aux entreprises locales et internationales, comme cela se fait dans le secteur pétrolier. Les sociétés intéressées par l'offre, formant un consortium, vont apporter des financements et se partager les profits générés par le projet d'investissement. Il propose aussi d'impliquer, dans cette stratégie, les groupes étrangers qui nous vendent aujourd'hui la poudre de lait. Ce faisant, l'Etat gagnera sur les deux tableaux : Il n'aura pas à financer des projets que le privé à la possibilité de prendre en charge. Il aura également à économiser de la devise sur un poste d'importation budgétivore (la poudre de lait). L'approche, on peut la transposer à d'autres filières. Pour Bouchakour, il faut dépasser le discours institutionnel et aller à l'essentiel, parce que des débats sur l'industrie, il y en a eu, mais sans résultats concrets. La dernière conférence en date sur l'industrie a donné lieu à un patchwork, se rappelle-t-il. La raison ' Pour Ahmed Lateb, expert industriel, il y a un problème d'ordre culturel. Explication : indépendamment des aspects financiers, nous pensons que nous n'avons pas les capacités pour développer notre industrie et que nous devons systématiquement recourir aux sociétés étrangères et à l'importation, ce qui est évidement faux. Lateb relève que l'Algérie "a réussi à bâtir une industrie publique et privée, certes peu développée, mais qui a, quand même, maintenu une production nationale et un niveau d'emploi important". Et d'ajouter que les réussites industrielles récentes des privés algériens dans les équipements de la maison, dans l'agroalimentaire, dans les matériaux de construction, dans le secteur des boissons démontrent que le pays "est capable de se développer et d'acquérir des technologies nécessaires au développement de notre industrie". Une technologie qui coûte cher et qui exige une bonne assise financière. Elle s'ajoute à d'autres instruments à mettre en ?uvre pour la bonne marche de l'industrie, sans perdre de vue, bien entendu, les leviers financiers dont a besoin toute industrie et dont parle l'expert industriel, pour qui, le pays "doit rapidement mettre en place les mécanismes de financement de notre industrie". "Jusqu'à présent, dit-il, l'Algérie a financé son industrie exclusivement sur fonds propres avec le monopole de la Banque centrale sur les financements extérieurs". Mais quels outils à mettre en place ' "Nous en avons plusieurs à mettre à la disposition des industriels pour assurer le financement de leur développement. L'accès aux financements bancaires pour les projets de démarrage, la mise en place de la Bourse ou l'obligataire pour les sociétés établies et le recours aux financements externes pour les projets d'envergure", résume-t-il. Sur tous ces sujets, l'Algérie devra, selon lui, "accepter" les outils actuels de financement de l'économie avec, et pourquoi pas, un "recours à l'endettement". Cette question est, note-t-il, centrale, car elle impose une réforme du secteur bancaire et une obligation accrue de transparence, voire de notation du pays. Et de poursuivre : "On le voit là encore, il s'agit de changer de paradigme et d'accepter d'ouvrir notre économie aux moyens de financement modernes." Et se passer des classiques ' Parmi les moyens classiques de financement, l'emprunt obligataire. Abderrahmane Mebtoul, expert en économie, propose un emprunt national anonyme à taux d'intérêt intéressant. Le Forum des chefs d'entreprise (FCE) estime, lui, que les ressources existent. Et il suffit de les mobiliser. L'organisation patronale recommande un emprunt obligataire national de vingt milliards de dollars.Y. S.


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