Algérie

Quels impacts sur l'Algérie face aux nouvelles mutations gazières mondiales '



Quels impacts sur l'Algérie face aux nouvelles mutations gazières mondiales '
Je structurerai mon intervention en trois parties interdépendantes : le prix du gaz indexé sur celui du pétrole, la problématique des mutations gazières mondiales et la transition énergétique, la problématique des subventions et de la forte consommation intérieure et enfin aller vers un mix énergétique.a.-Le premier axe est d'améliorer l'efficacité énergétique par une nouvelle politique des prix (prix de cession du gaz sur le marché intérieur environ un dixième du prix international occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales. En Algérie existe un véritable paradoxe : la consommation résidentielle (riches et pauvres payent le même tarif ; idem pour les carburants et l'eau) représente 60% contre 30% en Europe et la consommation du secteur industriel 10% contre 45% en Europe montrant le dépérissement du tissu industriel, soit moins de 5% du produit intérieur brut. A cet effet, une réflexion est engagée pour la création d'une cham-bre nationale de compensation, que toute subvention devra avoir l'aval du Parlement pour plus de transparence, chambre devant réaliser un système de péréquation, segmentant les activités afin d'encourager les secteurs structurants et tenant compte du revenu par couches sociales mais impliquant une nouvelle politique salariale. b.-Le second axe, l'Algérie a décidé d'investir massivement à l'amont pour de nouvelles découvertes. L'Algérie sera le troisième plus gros investisseur dans le secteur de l'énergie de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) au cours des cinq prochaines années avec un montant de 71 milliards de dollars de dépenses prévues dans le secteur de l'énergie sur la période 2013-2017 devant se classer en troisième position après l'Arabie Saoudite (165 milliards de dollars d'investissements prévus) et les Emirats arabes unis (107 milliards de dollars), selon Bloomberg. c- Le troisième axe est le développement des énergies renouvelables. L'Algérie a réceptionné à la mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R'mel, d'une capacité globale de 150 MW, dont 30 MW provenant de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20% de gaz conventionnel et 80% de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le CREG (l'agence de régulation) a annoncé le 28 mai 2013 que deux projets de décrets destinés à accompagner la mise en ?uvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables, qui sont en cours de finalisation, seront prochainement promulgués. Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l'octroi de subventions pour couvrir les surcoûts qu'il induit sur le système électrique national et la mise en place d'un fonds national de maîtrise de l'énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consistait au départ à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011 et 2030, dont 12 000 mégawatts par an dédiés à couvrir la demande nationale de l'électricité et 10 000 MW à l'exportation. D'ici 2030, environ, 40% de la production d'électricité destinée à la consommation nationale sera d'origine renouvelable. Le ministre de l'Energie et des Mines vient de faire savoir en ce mois de mai 2013, l'objectif de l'Algérie de produire, dans les 20 ans à venir, 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l'investissement public consacré par l'Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables, à l'échéance 2030, qui était au départ fixé à 60 milliards de dollars s'élèvera, selon le ministère de l'Energie, à 100 milliards de dollars portant ainsi la capacité à 36.000 mégawatts. L'Algérie aura-t-elle les capacités d'absorption, la maîtrise technologique pour éviter les surcoûts, la maîtrise du marché mondial et ne sera-t-il pas préférable de réaliser ce projet grandiose dans le cadre de l'intégration du Maghreb, pont entre l'Europe et l'Afrique, marché naturel du Maghreb et de l'Europe, continent à enjeux multiples qui, horizon 2030, tirera la croissance de l'économie mondiale. d- Quatrième axe, l'Algérie compte cons-truire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d'électricité galopante, a affirmé le 19 mai 2013 le ministre de l'Energie et des Mines, l'institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens en partenariat, qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d'une capacité de 1 000 mégawatts chacune pour une durée de 60 ans, selon les données du ministère de l'Energie. La ressource humaine étant la clef à l'instar de la production de toutes les formes d'énergie et afin d'éviter cet exode de cerveaux massif que connaît l'Algérie, le poste services avec la sortie de devises étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 12 milliards fin 2012, dont une grande partie destinée au secteur hydrocarbures, Sonatrach se vidant de sa substance, il convient de résoudre le problème récurrent des chercheurs qui depuis des années demandent l'éclaircissement de leur statut, la revalorisation de leur rémunération et surtout un environnement propice par la levée des obstacles bureaucratiques qui freinent la recherche. e- Enfin cinquième axe l'option du gaz de schiste introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013 réserves de 19 800 milliards de mètres cubes gazeux, selon le ministère de l'Energie. En Algérie, devant éviter des positions tranchées pour ou contre, un large débat national s'impose, car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au sud du pays. L'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau étant un enjeu stratégique au niveau méditerranéen et africain, doit être opéré un arbitrage pour la consommation d'eau douce, (les nouvelles techniques peu consommatrices d'eau n'étant pas encore mises au point, malgré le recyclage, quel sera le coût, fonction de l'achat du savoir-faire), un milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau douce et être pris en compte les coûts (en plus de l'achat des brevets) devant forer plusieurs centaines de puits moyens pour un milliard de mètres cubes gazeux. Sans compter la durée courte de la vie de ces gisements, environ cinq années pouvant récupérer une moyenne de 20/25% contre 85/90% pour les gisements de gaz conventionnel sans compter la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes non renouvelables dont le Maroc, la Libye et la Tunisie. En résumé, à la différence du marché pétrolier, pour le gaz, n'existe pas de cartel, et donc de marché mondial (devant généraliser les GNL), du fait de la segmentation avec la prédominance des canalisations, chaque producteur agira en fonction de ses intérêts immédiats. Pour l'Algérie est posée la problématique de sa sécurité énergétique, de l'urgence d'une transition énergétique raisonnable et maîtrisée s'insérant dans le cadre global d'une transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. Cela suppose excepté les secteurs stratégiques de lever la règle des 49-51% inadaptée à toutes les filières et toutes les contraintes bureaucratiques d'environnement qui freinent l'expansion de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée. Le défi est de réfléchir aux voies et moyens nécessaires de dynamiser le tissu productif, entreprises publiques et privées locales et internationales créatrices de valeur ajoutée interne, devant se fonder sur l'entreprise créatrice de richesses et l'économie de la connaissance dans le cadre des valeurs internationales. Comme je l'ai annoncé depuis près de trois années (voir www.google.fr) et récemment en novembre 2014 devant le Premier ministre algérien récemment lors de la conférence organisée par le ministère de l'Industrie à Alger (novembre 2014), les ajustements économiques et sociaux à venir seront douloureux. L'Algérie qui doit d'ores déjà penser à la création d'un comité de crise composé d'experts indépendants et non de fonctionnaires aux ordres afin d'éviter l'expérience douloureuse de la crise de 1986 qui a eu un impact désastreux en 1994/ (rééchelonnement huit années après). L'Algérie doit donc profiter d'une stabilisation financière (dette extérieure très faible) et de ses 200 milliards de dollars de réserves de change, y compris les 173 tonnes d'or pour réaliser cette transition difficile afin d'atténuer les chocs sociaux. Cela nécessite un langage de la vérité loin du populisme dévastateur et donc une grande moralité de ceux qui dirigent la Cité si l'on veut rétablir la confiance brisée entre l'Etat et les citoyens. (suite et fin)




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