A Alger, le
ministre de l'Industrie et de la
PME, Mohamed Benmeradi, est
pratiquement le seul à avoir lu du «positif» dans les déclarations du PDG de
Renault à Tanger. Pour des spécialistes algériens, le patron du groupe
automobile a trop d'investissements engagés à l'étranger, au Maroc et en Inde
notamment, pour se risquer dans une aventure en Algérie.
Renault vend bien
en Algérie et ses voitures sont celles qui marchent le plus. Le constructeur
automobile a-t-il pour autant intérêt à venir s'installer en Algérie avec des
conditions d'investissement qu'il juge moins souples et moins généreuses que ce
qui est offert au Maroc ? Dans l'optique du gouvernement algérien, la cause est
entendue. Il existe un marché en Algérie qui justifie largement la venue de un
ou de deux constructeurs automobile. Ainsi, les voitures construites en Algérie
bénéficieraient d'un régime de faveur qui les rendrait concurrentielles par
rapport aux voitures importées. Ceux qui veulent garder le marché ou le prendre
auraient donc intérêt à venir. En clair, l'Algérie, tardivement, cherche à
obtenir une contrepartie industrielle pour son marché. D'où les discussions en
cours avec Renault et Volkswagen. Mais objectivement, Renault qui vient de
lancer son usine low-cost à Tanger qui va produire 400.000
véhicules dont 80% destinés à l'exportation, ce qui inclut aussi bien le marché
algérien, africain que méditerranéen, n'a pas de raison de se presser. «Il peut
attendre tranquillement que les efforts d'une relance de l'Union du Maghreb (UMA)
et donc essentiellement de la réouverture des frontières avec le Maroc pour
vendre de made in Maroc en Algérie» explique un économiste algérien. Et ajoute-t-il
ironique, «les Algériens subventionnent les autoroutes pour que Renault y fasse
circuler ses low-cost alors qu'ils auraient dû
subventionner des usines».
PAS DE LOBBY
ALGERIEN EN FRANCE
D'où, selon lui, le
décalage entre l'optimisme du gouvernement algérien et les propos refroidissants de Carlos Ghosn, le
PDG de Renault. Le constructeur automobile, attaqué en France, pour son usine
Renault à Tanger, n'est vraiment pas pressé de conclure. Outre des raisons
purement économiques liées au fait que ses investissements pour la production low-cost sont déjà importants à l'étranger, des aspects
«politiques» interfèrent. «Il n'existe en France aucun lobby pour défendre
l'installation d'une usine Renault alors que dans le cas du Maroc on peut
observer que la classe politique française proche du palais s'emploie à calmer
un jeu qui s'est emballé dans le contexte électoral» explique un spécialiste
des relations France-Maghreb. «Une usine Renault à
Tanger ça passe, une usine Renault en Algérie, c'est beaucoup moins sûr que ça
ne cassera pas» explique-t-il en estimant qu'on n'en finira pas de regretter, en
Algérie, l'échec du projet Fiat. Pour certains observateurs, le vrai message de
Carlos Ghosn était principalement destiné à
Volkswagen, Renault affirmant vouloir préserver sa «niche» algérienne de 50.000
voitures vendues chaque année. Mais le fabricant allemand est-il réellement
intéressé ? Selon Mohamed Benmeradi, c'est le cas et
il y aurait un appoint financier d'un fonds d'investissement du Qatar.
VOLKSWAGEN SORTIRA-T-IL
DU «MADE IN GERMANY» ?
Les spécialistes
attendent de voir. Le modèle de Volkswagen, c'est clairement le «made in Germany». Si le constructeur allemand s'engage en Algérie
ce serait un évènement rare. «Mais cela s'est vu dans le passé, ils l'ont fait
au Brésil» note un spécialiste en soulignant qu'il est de l'intérêt de
l'Algérie de ne pas dépendre de Renault. Les réticences de Renault et
l'incertitude de Volkswagen doivent-elles pour autant faire renoncer à toute
ambition industrielle ? Dans les milieux d'affaires algériens, on estime que le
sujet est abordé d'un mauvais biais par les pouvoirs publics. Selon eux, au
lieu de poser des contraintes en matière d'investissement et de répartition du
capital, il serait plus pertinent de demander à un éventuel constructeur
intéressé de fabriquer également une voiture «tout électrique» et de prendre
ainsi une option pour l'avenir. Ils font valoir que les gros investissements
consentis par l'Algérie dans le domaine de l'électricité vont générer une
production qui devrait largement satisfaire une demande locale en hausse. Pour
eux, il serait intéressant d'encourager la voiture électrique aussi bien pour
des raisons environnementales que par souci de préserver une ressource
pétrolière stratégique. En tout cas, pour presque tous nos interlocuteurs, il
existe de bonnes raisons de douter du projet d'usine Renault en Algérie.
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Posté Le : 14/02/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : Oussama Nadjib
Source : www.lequotidien-oran.com