J'ai croisé le chemin de Rachid Mimouni bien des fois. Pour autant, je ne peux pas vraiment dire que nous étions amis.
C'était d'ailleurs, me semblait-il, quelqu'un d'assez solitaire, tout comme moi. Sans qu'il n'y ait jamais eu la moindre concertation entre lui et moi, nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises et pour longtemps dans le même établissement, lui me précédant toujours d'une ou deux années. Quand j'ai été admis à l'Ecole normale d'instituteurs à Bouzaréah, lui y avait déjà accompli une année d'études, ayant réussi, en 1966, le concours d'entrée à l'Ecole normale supérieure de Vieux Kouba. A la fin de mes études, il me fallait trouver un emploi, ce qui était plus ou moins facile à l'époque. Ce qui l'était moins, c'était le logement. Quelqu'un m'avait dit qu'à l'IMPED de Boumerdès (aujourd'hui Algerian Petroleum Institute), il y avait des chances d'être logé au bout de quelques mois de travail. Qui ai-je alors trouvé dans cet établissement, déjà installé dans une fonction et dans le logement de fonction qui allait avec ' Rachid Mimouni ! Lorsque j'ai appris son décès, j'avoue avoir été effleuré par l'idée que, dans une année ou deux, il allait encore une fois m'accueillir et m'aider à faire mes premiers pas dans cet autre monde que l'on dit meilleur.Entre temps, il est vrai, nos chemins se sont considérablement distendus. Je m'étais installé en France, il s'était réfugié au Maroc. La dernière fois que je l'ai rencontré, quelques années avant sa mort, c'était à Aigues-Mortes, près de Montpellier où il participait à une rencontre avec des écrivains et des éditeurs du Maghreb. Il venait de publier son livre de dénonciation de la barbarie, et des applaudissements nourris avaient rendu hommage à son courage. Pour le voir, j'avais dû attendre à l'écart pendant qu'il accordait une interview à un journal local. Tout en répondant aux questions, il m'avait reconnu et adressé un sourire et un signe fraternel que je n'ai pas oubliés.
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Posté Le : 12/02/2010
Posté par : sofiane
Source : www.elwatan.com