Cela fait bien deux mois que les Egyptiens ont été appelés à voter en faveur d'une Constitution qui n'était encore qu'à l'état de projet. Plus que le temps d'une campagne, ce qui laisse supposer d'autres objectifs, et il n'en manque pas. Ce qui n'est pas paradoxal avec la situation que l'Egypte vit depuis le mois de juillet dernier, un changement, selon les uns, et un coup d'Etat, selon d'autres, mais néanmoins acceptée, comme si cela était souhaité y compris par quelques monarchies du Golfe. Mené au pas de charge, le changement en question sera porté par une nouvelle Constitution soumise, et qui divise déjà les Egyptiens, puisque les opposants, notamment les Frères musulmans dont est issu l'ancien chef de l'Etat Mohamed Morsi jusqu'à sa destitution le 3 juillet 2013, ont appelé à boycotter la consultation électorale, et l'on verra alors quel est leur poids dans la société, si le scrutin est régulier. 14 000 juges ont ainsi supervisé l'opération électorale, mais les soupçons de fraude sont importants, surtout si l'on considère que les Egyptiens pouvaient voter à partir de n'importe quelle circonscription, ce qui rend le contrôle particulièrement difficile.C'est la troisième fois, depuis la chute de l'ancien régime en 2011, que les Egyptiens sont appelés à se prononcer sur des changements constitutionnels, un rappel important alors que ces mêmes électeurs sont lassés par le climat d'incertitude et même de violence dans lequel s'est enfoncé leur pays. Et ceux qui ont pris la responsabilité du changement ont fixé un échéancier devant être appliqué cette année, avec des législatives et une élection présidentielle dont on connaît déjà le favori. Il s'agit du général Abdelfatah Al Sissi au cas où il se porterait candidat, ce dont personne ne doute. Il a bien dit que «si le peuple le réclame (il) se présentera à l'élection présidentielle». Son portrait est partout, et à travers cette présence, il en est qui se demande quel est l'objet de cette consultation. La réponse serait d'abord un soutien au changement. Il ne s'agit plus d'approuver une nouvelle Constitution, mais de donner une légitimité constitutionnelle à ceux qui ont décidé de renvoyer l'ancienne direction.Cette question étant réglée, l'exercice du pouvoir, ou encore la place et le rôle de l'armée en seraient-ils l'enjeu ' Selon certains analystes, le nouveau texte ne comporte pas de révolution juridique, avec 44 articles entièrement nouveaux sur les 247 qui le composent. L'article 2 faisant de la charia la source principale de la législation est maintenu, tandis que d'autres clauses, introduites par l'ancien régime, ont été supprimées. Comme l'article 219 qui offrait des prérogatives politiques à l'institution religieuse Al Azhar et qui ne figure plus dans le nouveau texte. Par ailleurs, le rôle de l'armée est renforcé, puisque la nomination du ministre de la Défense est désormais soumise à une approbation du Conseil suprême des forces armées (CSFA) pour les huit ans à venir.Il en est bien entendu qui n'en retienne que ce point, surtout que le chef des armées a dévoilé ses ambitions politiques. Qu'en est-il cependant pour l'Egypte qui découvre un discours particulièrement nouveau avec l'exclusion des Frères musulmans, mais aussi la violence et l'insécurité qui paralysent des secteurs entiers sinon toute son économie ' Un vote, même si c'est le quatrième depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011, suffira-t-il pour lever les incertitudes ' Les Egyptiens veulent bien y croire.
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Posté Le : 16/01/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohammed Larbi
Source : www.elwatan.com