Le Palais du gouvernementL'Algérie a besoin d'intermédiations efficaces, politiques, économiques, sociales entre l'Etat et la société.Malgré les importantes potentialités de l'Algérie, la rente des hydrocarbures en anesthésiant tout esprit d'initiative, a largement influencé la nature des régimes et les politiques socio-économiques depuis l'indépendance à nos jours sans avoir réalisé le rêve du 1er Novembre 1954 et notamment de la plate-forme de la Soummam, un Etat qui survit aux aléas de l'Histoire et une économie diversifiée. L'Algérie se cherche toujours. L'Algérie a besoin d'intermédiations efficaces politiques, économiques, sociales entre l'Etat et la société, évitant la léthargie et la stérilité par la mobilisation de tous ses enfants dans leur diversité, afin de ne pas laisser souvent les forces de sécurité confrontées directement aux tensions sociales. Aussi, sans verser dans des règlements de comptes inutiles, devant mobiliser au lieu de diviser, il serait suicidaire pour le pays tant de banaliser la corruption qui constitue une atteinte à la Sécurité nationale que de s'attaquer au secteur privé productif tant national qu'international, inscrit comme acteur majeur dans la nouvelle Constitution, au nom d'une idéologie dépassée, avec le risque de faire fuir les capitaux. Il s'agira de bien cibler les prédateurs qui ne contribuent nullement à la création de la richesse nationale, ne représentent qu'une minorité de rentiers, rejetés par la majorité des décideurs que de la population algérienne.Situation socio-économique de l'AlgérieLa population algérienne est passée de 12 millions en 1965, de 34591.000 le 1er juillet 2008, à 37,5 millions d'habitants en 2010,39,5 millions d'habitants au 1er janvier 2015, à 40,4 millions d'habitants au 1er janvier 2016 à 41,3 au 1er janvier 2017 et s'oriente vers 50 millions à l'horizon 2030. En avril 2017, selon l'ONS, la population active a atteint 12,277 millions de personnes contre 12,117 millions en septembre 2016 contre 9,493 millions d'habitants en 2005,10,862 en 2010,11,423 en 2012,11,964 en 2013 et 11,932 millions d'habitants en 2015. La population en chômage selon l'ONS, était de 15,3% en 2005, en 2011 10%, 11% en 2012,9,8% en 2012/2013,10,6% en 2014 et 11,2% en avril 2017, la population en chômage a atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de chômage de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8 point par rapport à septembre 2016 avec un taux de chômage des jeunes de 16-24 ans de 29,7%. Cela résulte du faible taux de croissance, notamment des segments créateurs de valeur ajoutée. Environ 97/98% des recettes en devises proviennent directement et indirectement des hydrocarbures, le secteur industriel moins de 5% du produit intérieur brut PIB, sur ces 5% plus de 95% de PMI/PME peu concurrentielles en termes de coûts/qualité et le taux d'intégration secteur public et privé moins de 15%.Pour une dépense relevant essentiellement de la dépense publique (plus de 800 milliards de dollars) entre 2000/2016, le taux de croissance a été en moyenne de 3%. Il existe une loi universelle, le taux d'emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d'entreprises compétitives à valeur ajoutée. L'on ne crée pas des emplois par décrets ou volontarisme étatique, la solution de facilité étant la création d'emplois dans l'administration. Le taux de chômage officiel est fortement biaisé incluant les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs (5 mois, non créateurs de valeur ajoutée comme par exemple pour faire et refaire des trottoirs) et les emplois dans la sphère informelle. Le rapport préliminaire du Fonds monétaire international (FMI) sur les perspectives économiques mondiales pour l'Algérie montre que si en 2016, la croissance du PIB réel a été de 4,2%, la situation devrait fortement se dégrader en 2017 et en 2018. En effet, le FMI table sur une croissance de 1,4% du PIB algérien en 2017 et en 2018, l'économie algérienne devrait connaître une quasi-stagnation, avec un taux de croissance du PIB de seulement 0,6%. Conséquence directe de ce ralentissement économique, le taux de chômage devrait sensiblement augmenter sur la même période, estimé à 13,2% en 2018 avec une tendance inflationniste que l'on essaie de suppléer par la création d'emplois à très faible valeur ajoutée. Une enquête de l'ONS d'avril 2016 confirme la tertiarisation de l'économie, sa corrélation avec celle de l'emploi avec une part importante de l'administration qui, selon la direction générale de la Fonction publique, le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 est de 20.020.172 fonctionnaires dont 1608.964 à temps plein (79,64%) et 411.208 agents contractuels (20,30%). Mais ce sont les petits commerces et services qui sont dominants représentant 83% de la superficie économique à très faible productivité (avec environ 50% la part de la sphère informelle accaparant 35/40% de l'emploi) non comparable à celle des pays développés où la tertiarisation de l'économie à travers les services des technologies de l'information et de la communication crée des opportunités de croissance économique et génère des emplois productifs et la corrélation avec celle de l'emploi. En effet, en avril 2016, la structure de l'emploi selon le secteur d'activité, fait ressortir que les services marchands et non marchands absorbent 61,6% de la main-d'oeuvre totale, suivis par le BTP (16,8%), l'industrie (13%) et l'agriculture (8,7%). Face à cette situation, l'Algérie connaîtra dans les années 2018-2020 de vives tensions budgétaires. Et contrairement aux discours complaisants de certains experts algériens, induisant en erreur les autorités du pays, qui annonçaient un cours de 70-80 dollars pour 2015-2017 et plus entre 2017-2020, et comme je l'ai noté dans plusieurs contributions et notes adressées aux autorités du pays depuis plus de trois années, selon l'AIE le cours du pétrole sera bas en 2017-2020 du fait du déséquilibre offre/demande et des nouvelles mutations énergétiques. Je rappelle que les importations de biens, auxquelles il faut ajouter les sorties de devises des services (10/11 milliards dollars/an) et de transferts légaux de capitaux (entre 4/5 milliards de dollars/an) se sont chiffrés à quelque 60 milliards de dollars en 2016, alors que les recettes n'ont pas dépassé les 29 milliards de dollars, bien qu'un important effort a été fait car durant l'année 2013, les sorties de devises ayant été supérieures à 75 milliards de dollars. Pour 2017, au vu du bilan des six premiers mois 2017, les importations de biens s'orientent vers 45/46 milliards de dollars et avec les services et les transferts légaux de capitaux presque le même montant de sorties de devises qu'en 2016, avec des recettes en devises variant entre 32/35 milliards de dollars si le cours en moyenne annuelle varie entre 50/55 dollars.L'Algérie a besoin de prospective et de stratégies d'adaptationTout projet est forcément porté par des forces politiques, sociales et économiques sinon tout modèle économique est voué à l'échec. L'enjeu majeur pour l'Algérie et sa survie implique donc de mettre en place des instruments opérationnels capables, d'identification, d'anticiper les modifications de comportement des acteurs économiques, politiques, sociaux et militaires au niveau géostratégique. Il existe un lien dialectique entre développement et sécurité car sans un développement durable il y a nécessairement accroissement de l'insécurité qui a un coût croissant. Pourtant, n'ayons pas une vision uniquement de sinistrose. L'Algérie selon les observateurs internationaux,où j'ai été invité personnellement le 2 novembre 2016 à Alger à un large débat en tant qu'expert indépendant avec la délégation du Parlement européen (PE) à Alger présidé par M. Antonio Panzeri, président de la Délégation pour les relations avec les pays du Maghreb, a toutes les potentialités, sous réserve de profondes réformes, pour asseoir une économie diversifiée garante de la création d'emplois durables et donc de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine. Mais pour éviter les effets pervers nuisibles au développement, il serait hasardeux pour l'avenir de l'Algérie d'aller vers un monologue, de combler le vide (culture rentière du passé) par certaines organisations incapables de mobiliser la société du fait de leur non-crédibilité et de livrer à de l'activisme sans impacts réels. Il existe un théorème en sciences politiques: 80% d'actions mal ciblées et désordonnées que l'on voile par de l'activisme, ont un impact de 20% sur les objectifs et 20% d'actions bien ciblées ont un impact sur 80%. La baisse du cours des hydrocarbures sera de longue durée et des stratégies d'adaptation deviennent urgentes, devant éviter l'illusion tant d'un modèle de consommation énergétique linéaire. que des modèles périmés des années 1970-1980 reposant sur le matériel (mécanique) et du fameux slogan «quand le bâtiment va tout va» alors que nous sommes à l'aube de la quatrième révolution économique 2020-2030-2040 où domineront l'immatériel et l'intelligence artificielle (voir le dernier rapport 2016 de World Economic Forum «The Impact of the Fourth Industrial Revolution»). Il faut impérativement recadrer le débat, éviter les utopies du passé et s'adapter au nouveau monde, par un langage de vérité et de s'attaquer à l'essence et non aux apparences. Comme je l'ai démontré récemment dans un long interview au quotidien américain American Herald Tribune du 28/12/2016 et au quotidien financier français La Tribune FR du 7 mai 2017, je tiens à considérer que la stabilité de l'Algérie, acteur stratégique de la stabilité de toute la région, qui ne saurait signifier statu quo, mais mener des réformes dans un mouvement historique positif, est un passage obligé vers la reconquête de notre cohésion nationale et la construction d ?un front intérieur solide et durable en faveur des réformes politiques et socio-économiques face aux enjeux des nouvelles mutations mondiales dans les domaines militaire, sécuritaire, politique, économique, social et culturel dont le pivot est la bonne gouvernance et la réforme de l ?école tenant compte du fondement du développement à l'ère du XXIe siècle basée sur le savoir. L'objectif stratégique doit concilier la modernité et notre authenticité, l'efficacité économique et une profonde justice sociale si l'on veut à terme éviter la marginalisation de l'Algérie au sein de la société mondiale avec d'importantes incidences géostratégiques... Pouvoir et opposition doivent s'entendre pour un renouveau national de l'Algérie. L'Algérie sera ce que les Algériens voudront qu'elle soit. Le mal est en nous et la guérison dépend avant tout des Algériennes et Algériens, impliquant un large Front national sans exclusive, tolérant nos divergences d'idées, source d'enrichissement mutuel.
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Posté Le : 17/08/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane MEBTOUL
Source : www.lexpressiondz.com