Algérie

Quelles limites à l'automatisation Généralisée '



Considérée comme le marché le plus dynamique à l'échelle mondiale, la Chine attire toujours les plus grandes multinationales, notamment de la haute technologie et de l'informatique, en particulier. Pour autant, l'actualité des nouvelles technologies en Chine foisonne de nouvelles reflétant les paradoxes de cet empire en proie aux contradictions de ses réalités socioéconomiques. Parmi les premiers pays à avoir intégré, en 2001, l'OMC, la Chine, toujours en quête de reconnaissance internationale pour la conquête de nouveaux débouchés, vient de se voir « dénier » par l'Europe, le statut tant convoité de pays à « économie de marché ». « 546 voix pour, 28 contre et 77 abstentions. Les députés européens ont adopté jeudi 12 mai en séance plénière une résolution s'opposant à la reconnaissance de la Chine comme une économie de marché dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), rapporte le site du journal français www.marianne.net qui précise que ce statut recherché par Pékin « obligerait l'Union européenne à s'ouvrir un peu plus au marché chinois, avec tous les risques que cela comporterait pour la santé des entreprises et l'emploi. » A son adhésion, il y a un peu plus de 15 ans il était en effet prévu, dans le protocole d'adhésion qu'à l'issue de cette période, le statut d'économie de marché lui soit reconnue, à la condition, « qu'elle mène des réformes pour assurer une concurrence non faussée » ajoute le site français qui fait dire au député socialiste européen Emmanuel Maurel, ravi de ce vote obtenu à une grande majorité, que si « l'Europe reconnaît ce statut d'économie de marché, elle est censée supprimer les barrières anti-dumping. Ce serait une catastrophe, car cela permettrait à la Chine de déverser sur le marché européen des produits encore moins chers qu'ils ne le sont aujourd'hui. »Le texte adopté par les Eurodéputés refuse de reconnaitre le caractère d'économie de marché à la Chine au motif que Pékin ne s'est pas conformé aux « cinq critères établis par l'Union » pour mériter cet attribut. Il est question notamment de la forte présence de l'Etat chinois dans les circuits économiques et de la « surcapacité de production de la Chine », à l'origine de perturbations sur « le secteur européen de l'acier ». En proie à un « refroidissement » de son époustouflant rythme de croissance, évoluant à deux chiffres depuis des années, la Chine place les industries de la haute technologie au c?ur d'une stratégie visant à réduire les investissements publics. Les derniers chiffres sur les résultats économiques de la Chine poussent en effet le gouvernement à prospecter de nouvelles sources de croissance. Le dernier plan quinquennal publié à la mi-mars dernier par le gouvernement chinois accorde une place importante à un programme massif d'investissement dans la robotisation de la production industrielle, qui devra donner ses résultats à l'horizon 2049. « Chine : 100 millions d'ouvriers seront remplacés par des robots », annonce en titre le site www.up-magazine.info qui explique cette nouvelle orientation stratégique par cet argument : « Rien ne va plus en Chine. Fabrique du monde, la Chine produit 25 % de tous les objets manufacturés de la planète. Mais, mondialisation oblige, les salaires chinois ont augmenté aussi vite que la croissance de son activité. Si bien que la Chine n'est plus vraiment compétitive ».En effet, l'industrie manufacturière, qui compte pour 36% du Pib chinois, emploie quelques cent millions de travailleurs contre seulement 12 millions aux Etats Unis.Alors qu'elle ne détenait que 3% du total de la fabrication des produits manufacturés en 1990, la Chine accapare actuellement plus de « 80 pour cent de tous les climatiseurs, 71 pour cent de tous les téléphones mobiles, et 63 pour cent de toutes les chaussures du monde », indique up-magazine.info qui ajoute que pour « les consommateurs à travers la planète, ce boom de fabrication a entraîné l'accès à de nombreux produits, notamment high tech, à faible coût, des iPhones abordables aux téléviseurs à écran plat ».Mais ce boom a commencé à donner quelques signes d'essoufflement depuis l'année dernière qui a vu une certaine contraction de l'activité de production. Et d'après les analystes chinois, la hausse des coûts de la main d'?uvre, « de 12 % par an en moyenne depuis 2001 », n'est pas étrangère à ce ralentissement qui met la Chine en situation de concurrence défavorable face à une main d'?uvre encore non revendicatrice dans de nombreux pays voisins, tels le Vietnam, l'Indonésie ou la Thaïlande. « Devant cette situation qui laisse la porte ouverte aux concurrents venus de pays où la main d'?uvre ne sait pas encore exprimer ses revendications salariales et où les coûts sont compressés, comme le Viêt-Nam, la Thaïlande ou l'Indonésie, la Chine doit réagir », explique le journaliste de ce site qui résume ce nouveau plan de modernisation de l'industrie manufacturière chinoise en ces termes : « Place à l'automatisation ! Tel est le nouveau credo chinois. »Le gouvernement chinois a prévu de dépenser des milliards de dollars pour la concrétisation de plan appelé à donner ses premiers résultats dans les deux prochaines années. Pékin espère ainsi se mettre au diapason d'autres puissances dont les ratios en la matière sont plus avancés ; « En Corée du Sud, par exemple, il y a 478 robots par 10.000 travailleurs ; au Japon, le chiffre est de 315 ; en Allemagne, 292 ; aux Etats-Unis, il est de 164. En Chine, ce nombre est seulement de 36 », fait remarquer le site www.up-magazine.info, ajoutant que la Chine, soucieuse de corriger cette situation entend « créer des dizaines de centres d'innovation à travers le pays pour mettre en valeur les technologies de fabrication de pointe ».Cette « révolution » par la robotique ne manquera pas de produire des effets socioéconomiques sur l'ensemble de la société chinoise et notamment sur la couche des travailleurs. « Certains travailleurs d'usine déplacés pourraient trouver un emploi dans le secteur des services, mais pas la totalité des 100 millions aujourd'hui employés dans les usines. Il est évident que ce changement soudain vers les robots et l'automatisation provoquera des difficultés économiques et des troubles sociaux », avertit ce site.Les interrogations sur les répercussions d'une telle politique sur la classe ouvrière chinoise viennent au moment où bon nombre de titre de la presse internationale pointent le curseur sur les conditions de travail des ouvriers dans les usines chinoises dédiées aux produits de la high-tech. Sous le titre, « Shenzhen : des ouvriers coincés entre heures supplémentaires et robotisation », le site spécialisé en nouvelles technologies www.zdnet.fr consacre un long papier, mis en ligne le 10 mai dernier, pour évoquer les pénibles conditions de travail des ouvriers chinois qui continuent, pourtant, de faire le bonheur et le profit des grandes multinationales de la haute technologie. « Si salaires et conditions de travail semblent s'être améliorés depuis 5 ans, les heures supplémentaires assommantes en période de pointe et les pratiques illégales des sous-traitants demeurent. Et la robotisation pourrait tarir à terme les possibilités d'emploi », constate l'envoyé spécial du site qui s'est « baladé » sur place pour constater que dans le campus rutilant de Huawei, dans la périphérie de Shenzhen, les centres de recherche et développement et les showroom ont remplacé les usines. Aux abords de centres d'innovation, se dressent les fameux dortoirs pour ouvriers venus d'un peu partout, attirés par les opportunités d'emploi avec des salaires relativement acceptables, le plus souvent dans le secteur de l'informatique. « Les dortoirs d'ouvriers sont très liés à Shenzhen. La ville s'est construite à partir de rien. Il y avait 300.000 habitants il y a 35 ans, aujourd'hui on y trouve 17 millions de personnes », explique au site zdnet.fr « un expatrié qui vit et travaille dans la région. »Un ouvrage publié en 2015, par la sociologue Jenny Chan, sous le titre « La machine est ton seigneur et ton maître », dévoile des témoignages de ceux qui sont présentés comme des « iSlaves », sur les drames qui ont secoué « les dortoirs bondés de l'usine de Longhua, près de Shenzhen, là ou 400.000 employés partagent un espace de travail de 3 kilomètres carrés, indique zdnet.fr ajoutant que pour cette usine « il faut presque une heure pour aller (à pied) de la grande porte du sud à la grande porte du nord ». Chan a notamment travaillé sur le système d'exploitation des ouvriers chinois mis en place par Foxcon, ce fabricant de matériel informatique devenu symbole de nombreux scandales liés aux mauvaises conditions de travail de ses ouvriers. « Elle fournit des composants électroniques à des entreprises informatiques mondialement connues telles que Apple, Sony, Motorola, Dell, Microsoft, Amazon, Nintendo, Hewlett-Packard, Samsung Group, BlackBerry , LG Group, HTC, Acer Incorporated, Asus, Lenovo, Huawei, Nokia, ZTE... », explique l'encyclopédie en ligne Wikipédia, ajoutant qu'elle « est fréquemment pointée du doigt pour les conditions de travail dans ses usines ; des employés les surnomment « usines à suicide », avant d'évoquer cette étude réalisée en 2011 par China Labor Watch et Human Rights Watch qui classe « Foxconn comme l'entreprise enregistrant les plus hauts taux de suicide au monde et de décès par accident pour ses salariés travaillant dans les usines. »D'après l'envoyé spécial du site, les heures supplémentaires obligatoires démeurent largement le motif le plus important du stress des travailleurs ; elles demeurent néanmoins le « seul moyen efficace de rehausser une rémunération de base d'un peu plus de 100 euros, soit 900 yuans (en 2010). Depuis, les salaires ont augmenté, mais les heures supplémentaires restent un sujet majeur », ajoute le journaliste. Même si le salaire minimum semble avoir connu une augmentation de plus de 12% entre 2008 et 2012, il est encore des voix pour dire que les conditions de travail et les heures supplémentaires imposées demeurent une source de la mauvaise presse faite aux usines chinoises.L'organisation China Labor Watch vient en effet de pointer du doigt les pratiques de Pegatron, fournisseur privilégié par Apple depuis le scandale Foxconn, qu'elle accuse dans une récente étude « de faire travailler ses employés sur un de ses sites en deçà des critères définis par Apple. Plus de 83% de ces travailleurs font plus de 80 heures supplémentaires par mois affirme le document », lit-on sur zdnet.frL'organisation a basé son observations sur un examen « de 1261 feuilles de paies datées de septembre et octobre 2015, période de pointe pour la production des iPhone chez Pegatron » pour pouvoir exhiber « pour le mois d'octobre 2015 une feuille de paie d'un ouvrier qui aurait travaillé 102,8 heures supplémentaires », selon ce même site d'information.Les difficultés des ouvriers ne s'arrêtent pas à leurs conditions de travail, ils doivent en effet faire avec la menace d'automatisation des tâches de fabrication. En plein scandale du suicide de ses travailleurs, Foxcon annonçait, en 2010, son intention de mettre en place plus d'un million de robots à l'horizon 2015, pour automatiser les « tâches routinières, comme les 325 étapes nécessaires à l'assemblage d'un iPad », note zdnet.fr Trois années plus part, seuls quelque 20.000 « Foxbots » ont été introduits dans les usines de Shenzhen, du fait de préparation imprécise de l'opération. Mais il n'est pas dit que la tendance ne s'accélérera pas en raison notamment d'une baisse des coûts de fabrication des robots.


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