Algérie

Quelle riposte face aux kidnappings des enfants '



Pas de statistiques officielles, mais le phénomène du rapt des enfants a pris, ces dernières années, une inquiétante ampleur. Enlevés, souvent assassinés, les enfants sont victimes de pervers ou font les frais de règlements de comptes entre adultes. Les drames vécus par de nombreuses familles, ces dernières années, ont été derrière une grande mobilisation de la société civile en faveur du durcissement des peines. Le ministère de la Justice s'apprête à élaborer un texte de loi contre le kidnapping. Pour le réseau Nada, la problématique doit être appréhendée dans sa globalité. La vision purement judiciaire a montré ses limites, estime son président.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le ministère de la Justice est chargé d'élaborer « une loi contre le kidnapping pour préserver la sécurité des citoyens et de leurs enfants ». Pour l'heure, le contenu du texte n'est pas encore connu. Il vient, néanmoins, en réponse à un fléau qui, au fil des années, a pris de l'ampleur, plongeant de nombreuses familles dans un deuil souvent difficile.
De nombreuses affaires avaient défrayé la chronique, tenu en haleine l'opinion publique avant de susciter beaucoup de colère. C'était le cas en 2013 après l'enlèvement des deux enfants, Haroun et Ibrahim, pas très loin de chez eux, au niveau de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, sise à Constantine. Les deux garçons avaient été retrouvés morts. En émoi, la population s'était alors mobilisée pour réclamer l'application de la peine capitale à l'encontre des deux auteurs du crime. Ce n'était malheureusement ni la première ni la dernière tragédie. D'autres ont suivi, suscitant les mêmes appels à un durcissement des peines. Que risquent actuellement les auteurs d'enlèvements ' L'article 293 bis du code pénal stipule que « quiconque, par violences, menaces ou fraude, enlève ou tente d'enlever une personne, est puni de la réclusion criminelle de dix ans à vingt ans et d'une amende de
1 000 000 à 2 000 000 DA. Si la personne enlevée a été soumise à des tortures corporelles ou si l'enlèvement avait pour but le paiement d'une rançon, le coupable est puni de la réclusion criminelle à perpétuité et ne bénéficie pas des circonstances atténuantes. Si la personne enlevée décède, la peine peut aller jusqu'à la peine capitale ».
Le président du réseau algérien de la protection et de la promotion des droits des enfants (Nada) avertit, néanmoins : la vision purement sécuritaire et judiciaire ne peut être une solution efficace.
Abderrahmane Arar, réagissant à l'annonce faite en Conseil des ministres au sujet de l'élaboration d'un texte contre le kidnapping, se dit favorable à l'idée mais se pose, néanmoins, plusieurs questions : quel sera le fond du texte ' Quelles seront les dispositions en matière de protection, prévention mais aussi d'accompagnement et de prise en charge des victimes et de leurs familles '
Pour notre interlocuteur, le phénomène doit être appréhendé dans sa globalité pour pouvoir « faire face à toute cette violence. C'est un travail en amont qui doit être fait pour contrer cette violence qui cible l'enfant et la famille ».
Arar plaide pour un véritable dialogue entre les acteurs de la société civile et le ministère de la Justice, autour d'un dossier que le réseau Nada a pris à bras le corps depuis 2013. Arar rappelle qu'« il y a des dispositifs qui ont été mis en place depuis, mais il s'agit d'une réponse purement sécuritaire sans aucune mesure d'accompagnement en direction des enfants et des familles. Le travail avec l'action sociale et les acteurs de la santé n'a pas été fait ». Pire encore, dit-il, « aucune prise en charge n'est proposée aux familles victimes ni d'accompagnement. Une fois la procédure judiciaire terminée, la famille est livrée à elle-même et se débat dans des problèmes en subissant les conséquences du drame sur les liens familiaux sans parler de la tragédie des familles qui ne retrouvent jamais leurs enfants». La solution réside, selon le président du réseau Nada, dans un travail en profondeur sur les raisons de ce déferlement de la violence, mais également sur la prévention en direction des enfants et de leurs familles pour éviter des drames qui peuvent, certaines fois, être évités.
N. I.


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