Algérie

Quelle place pour tamazight'



Quelle place pour tamazight'
«La langue arabe a joué son rôle dans la préservation de l'unité nationale. Elle est la seule langue qui a rassemblé et rassemblera tous les Algériens.»En Algérie la question linguistique et celle des «langues maternelles» surgissent au -devant de la scène et suscitent tant d'interrogations au milieu des chercheurs universitaires, des linguistes et des acteurs concernés par la promotion de tamazight. La célébration de la Journée internationale des «langues maternelles» qui coïncide avec la date du 21 février de chaque année est une occasion opportune pour parler de tamazight et sa place au sein de la société, mais surtout la question de la promotion de cette langue, après un an de sa proclamation «langue nationale et officielle». Organisée, par le Haut Commissariat à l'amazighité en collaboration avec le Haut Conseil national de la langue arabe, et le haut conseil islamique, les chercheurs invités pour débattre autour de cette question n'ont pas fourni des éléments de réponse convaincants et laissent la parenthèse ouverte. Ces derniers n'arrivent toujours pas à dissocier la «langue maternelle» de la «langue officielle» et son apport à la cohésion nationale.Dans son discours d'ouverture, le président du Haut Conseil islamique, Abdellah Ghlamellah, a coupé court et n'a laissé aucune place pour le débat. Pour ce dernier «la langue arabe est la langue maternelle qui rassemble tous les Algériens. Tamazight ne devait son importance qu'en fonction de ses liens avec cette langue qui est celle du Coran». Un discours qui prône l'exclusion de tamazight, une partie de la société algérienne qui s'exprime dans cette langue maternelle, qui résiste encore, en dépit des embûches et entraves parsemées sur le chemin de son développement. Même son de cloche chez le président du Haut Conseil national de la langue arabe, Salah Belaïd. Il signe et persiste que «la langue arabe a joué son rôle dans la préservation de l'unité nationale. Elle est la seule langue qui a rassemblé et rassemblera tous les Algériens. Pour ce qui est de tamazight c'est la langue de notre patrimoine». Ces derniers, ne semblent pas avoir digéré l'officialisation de tamazight proclamée dans la nouvelle Constitution et les débats incessants qui en ont suivi. Ce qui confirme une nouvelle fois qu'il y a peu de place pour le débat en Algérie sur la question identitaire. De son côté, le secrétaire général du Haut Conseil à l'amazighité défend la position de la Constitution oeuvrant pour le développement et la promotion de cette langue millénaire. Pour cela, ce dernier a mis l'accent sur «l'importance du multilinguisme dans la promotion de tamazight». Il a affirmé dans ce sens que tamazight fait partie des trois constantes de la nation et un grand travail devrait se faire pour sa promotion, et ce, à travers l'encouragement de la production littéraire, cinématographique, radiophonique et audiovisuelle. «Le chantier est énorme, et demande beaucoup de temps, de réflexion». Hachemi Assad croyait en la volonté exprimée de rendre à tamazight sa place au sein de sa société, mais sur le terrain la problématique est loin d'être résolue. Certes, des avancées ont été faites, mais il reste encore un énorme chantier à réaliser. Mme Hafida Tazrouti enseignante à l'université d'Alger affirme que dans tous les pays du monde, les autorités accordent une place importante à la langue officielle dans le programme scolaire où elle bénéficie d'un volume horaire conséquent au regard de celui des langues étrangères. «En Algérie c'est le contraire. Si on prend le cas de tamazight, elle est enseignée en 4ème année primaire trois heures par semaine seulement!» s'est-elle exclamée.Enfin, après de longues années de combat pour la promotion de tamazight, couronnées par une reconnaissance officielle de la dimension berbère de l'identité algérienne, sa promotion demeure toujours d'actualité et suscite de vives réactions de certaines parties qui voient dans cette reconnaissance une menace directe pour la langue arabe et la cohésion nationale.


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