À moins d'une décision du Président d'y renoncer, chose peu probable pour ceux qui connaissent le personnage, l'élection présidentielle s'annonce comme une affaire technique alors que le pays s'installe durablement dans le statu quo.La messe semble déjà dite. En effet à moins d'une année de l'élection présidentielle, les partis de l'"allégeance", nouveau concept dans le lexique politique national renvoyant à une confuse culture "makhziniste", ont, à l'unisson, appelé le président de la République à briguer un cinquième mandat. "Dans ces affaires d'intérêt national, nous n'avons pas pris position pour faire taire les rumeurs et nous avons opté pour un choix qui, nous semble, en tant que famille politique important sur la scène nationale, servira les intérêts de la nation et de l'Etat algériens", a justifié, samedi, Ahmed Ouyahia, emboîtant ainsi le pas à son alter ego du FLN, Djamel Ould Abbes. Le RND "n'a pas eu à consulter le président de la République pour lui lancer un appel, pour la raison très simple qu'il est de son droit et de son devoir de faire une analyse de la scène politique nationale et des perspectives et des enjeux autour de l'élection présidentielle à venir (...) Notre appel s'inscrit dans un vaste mouvement d'appel qui est en train de monter et de surgir, émanant de formations politiques, d'organisations syndicales et de la société civile et nous sommes intimement convaincus de notre position", a encore expliqué Ouyahia, comme pour suggérer, en filigrane, qu'un "consensus" en haut lieu s'est dégagé autour de l'unique "choix stratégique" qui semble s'imposer au régime, visiblement frappé de "stérilité" politique : la continuité du règne de Bouteflika. "Pour consolider la sécurité et la stabilité et relever les défis auxquels fait face l'Algérie", selon TAJ d'Amar Ghoul, et "le souci de préserver les acquis de la stabilité et du développement", d'après Djamel Ould Abbes. Il ne reste qu'à engager les troupes sur le terrain de la campagne pour plaider la "bonne cause" et claironner à la face des plus sceptiques les réalisations des vingt dernières années du Président. Qu'importe si le Président, affaibli par un AVC depuis 2013, ne s'adresse pas à la Nation. Et qu'importe le regard de l'opinion internationale partagée entre incompréhension et inquiétude. D'autant qu'à l'opacité politique s'ajoute désormais la crise économique dans un contexte aux multiples défis, le sécuritaire et le migratoire n'étant pas des moindres. En appelant "prématurément" le Président à poursuivre sa mission, les parties de l'allégeance ne font pas seulement qu'accentuer l'illisibilité, mais mettent davantage dans l'embarras l'opposition dans ses divers courants. Quelle parade dès lors face à ce qui s'apparente à une fatalité ' Car il faut bien se rendre à l'évidence : le régime ne semble pas disposé à quelques compromis, et encore moins à engager un dialogue autour de la crise, ni à répondre à ceux qui appellent à un consensus ni à s'engager à créer les conditions pour un scrutin libre et transparent qui ne souffre aucune contestation ni remise en cause. Les partis de l'opposition vont-ils alors se hasarder à présenter des candidatures, malgré les circonstances et le climat politique, au risque de sembler "cautionner" une démarche biaisée à l'avance ' Ou vont-ils renoncer à la compétition ' À voir la réaction de certains partis, on mesure toute l'étendue de leur difficulté à formaliser une réponse à la mesure du défi. La crise de confiance qui a gagné des pans entiers de la population, le chantage à la peur du changement, certains l'assimilant à l'aventurisme, et la contrainte du temps, des moyens et des entraves du pouvoir pour créer un rapport de force dans la société confinent l'opposition dans une position délicate d'autant que les initiatives tentées jusque-là ont fini en queue de poisson, comme en témoignent l'expérience avortée de la CLTD ou encore l'appel à une candidature unique.
À moins d'une décision du Président d'y renoncer, chose peu probable pour ceux qui connaissent le personnage, l'élection présidentielle s'annonce comme une affaire technique alors que le pays s'installe durablement dans le statu quo... Mais jusqu'à quand '
Karim Kebir
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Posté Le : 30/06/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim Kebir
Source : www.liberte-algerie.com