Algérie

Quelle mission pour Belkhadem ?



La rumeur était dans l’air depuis des semaines voire des mois : le départ de Abdelaziz Belkhadem de la chefferie du gouvernement. Le président Bouteflika, qui n’aime pas pourtant céder à la pression, aura donc fini par “acter” cette rumeur. Il est vrai que le gouvernement, en dépit d’un activisme de façade, généreusement relayé par la télévision était dans une quasi-paralysie. Les ministres donnaient l’impression de faire du surplace, en l’absence de perspectives. D’ailleurs Abdelaziz Belkhadem lui-même se plaignait de diriger une équipe dont il était loin d’être satisfait. Mais au lieu donc d’un changement de l’Exécutif en profondeur, comme il l’avait toujours revendiqué, c’est lui qui s’en va pour retrouver son poste de ministre d’État et de représentant personnel du président de la République ; avec lui part aussi Boudjemâa Haïchour qui a payé sa mauvaise gestion de l’affaire d’Algérie Télécom, Maghlaoui malade et Fatiha Mentouri qu’on dit en “incompatibilité” avec Karim Djoudi. Finalement, le gouvernement Belkhadem aura tenu deux ans. Deux années mi-chèvre, mi-chou marquée par des faits saillants. Sur le plan politique, il a eu à organiser deux grands rendez-vous électoraux, à savoir les législatives de mai 2006 et les locales de novembre 2007. Ces deux élections ont été marquées par un taux d’abstention inédit dans les annales politiques du pays. Et pour beaucoup, le départ de Belkhadem de la tête du gouvernement vient du fait qu’il n’a pas su tirer les enseignements de ces élections qui étaient en fait un message de désaffection des électeurs algériens. Et c’est probablement cette désaffection qui est à l’origine des émeutes qui ont éclaté un peu partout sur le territoire national. C’est, de toute évidence, dans le souci évident de mettre un bémol au ras-le-bol social, avec des grèves à répétition dans les secteurs de l’éducation et l’administration que le gouvernement Belkhadem a pris la décision d’augmenter les salaires dans la Fonction publique. Ce qu’il a d’ailleurs essayé de rentabiliser au bénéfice de son parti en répétant à toutes les occasions qu’il a eues de s’exprimer que le FLN est le parti qui a augmenté les salaires des fonctionnaires. Mais la panne est surtout perceptible sur le registres des réformes économiques. C’est-à-dire que la tentation du statu quo, la manne pétrolière aidant, a pris le pas sur les impératifs de ruptures et de réformes dans les secteurs aussi sensibles que les banques, la privatisation des entreprises publiques. D’où certainement le rappel d’Ahmed Ouyahia pour donner une nouvelle impulsion au processus des réformes. Mais, contrairement à ce qui peut sembler a priori, ce n’est pas non plus la fin de Abdelaziz Belkhadem. Bien au contraire, débarrassé de la charge de Chef du gouvernement et revenu dans le giron du président Bouteflika, il aura ainsi toute latitude pour lancer le chantier de la révision constitutionnelle, dont il aura été un des fervents avocats.


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