Algérie

Quelle marge de manoeuvre pour les élus'



À un jet de pierre de l'installation de la nouvelle APN, il est de tradition qu'un silence s'installe au sein de la scène nationale. Peu ou pas de déclarations tonitruantes, ni de conférences de presse conjointes entre leaders partisans, dont les formations politiques sont représentées dans l'hémicycle de Zighoud Youcef. L'heure n'est pas aux déclarations, mais aux concertations autour des instances du Parlement. Les commissions qui constituent l'antichambre du pouvoir législatif feront très bientôt l'objet de «marchandages» politiques entre les différents partis. Il va de soi que celles qui concernent les Affaires étrangères et la Défense nationale sont les plus prestigieuses, car touchant à des domaines régaliens.Le FLN voudra certainement en contrôler le fonctionnement. Mais sa majorité relative l'oblige à négocier avec des partis du même camp idéologique. Il n'y a pas à chercher longtemps pour tomber sur un RND qui ne demande qu'à s'allier avec son «frère aîné», histoire de s'assurer un strapontin dans l'une ou l'autre commission. La présidence et la vice-présidence desdites commissions se négocient donc, dans la discrétion d'un bureau et concerneront des parlementaires triés sur le volet. Il reste, néanmoins, la possibilité à l'ensemble des députés, même ceux de l'opposition, de jouer au trouble-fête et tenter de déstabiliser les grosses cylindrées du pouvoir législatif. Le travail des commissions qui débutera lors de la rentrée parlementaire avec la présentation des premiers textes du prochain gouvernement, donne à tous les parlementaires l'opportunité de s'exprimer. Mais comme dans toutes les autres Assemblées du monde, le dernier mot reviendra à la majorité. C'est dire donc l'importance de construire cette majorité sur des bases stables pour éviter toute «mauvaise surprise». Il faut dire que dans le cas de la prochaine législature et compte tenu de l'équilibre des forces en présence, l'Exécutif est garanti d'un mandat «apaisé», même si la partie risque d'être difficile à négocier sur certains dossiers. On voit, en effet, mal des députés se revendiquant de la majorité présidentielle, rester de marbre devant des textes de loi remettant en cause des acquis sociaux des Algériens. En effet, si la question de la levée des subventions atterrit au Parlement, il sera difficile de trouver des voix «acquises» au sein de la commission des finances, même dans le camp de la majorité. Le sacro-saint caractère social de l'Etat algérien sera systématiquement évoqué par les parlementaires qui demanderont à voir plusieurs fois, avant d'approuver un texte aux connotations impopulaires. À ce propos, cette commission (des finances) est traditionnellement le domaine réservé de la majorité. L'on n'a jamais vu un parti au pouvoir «céder» la présidence ou la vice-présidence de cette commission à l'opposition. Même pas à des alliés conjoncturels. Il est des commissions qui se négocient en cercle restreint et celle des finances en fait partie.
Les «primo-députés», fraîchement élus, découvriront l'importance de telle ou telle autre commission au fil du temps. Mais pour nombre d'entre eux, ils apprendront que le métier de parlementaire ne se résume pas à faire partie d'une commission et à voter en plénière. Les Algériens ne les attendent pas seulement sur les amendements qu'ils présenteront et aux débats auxquels ils prendront part, mais à leur volonté de répondre aux sollicitations des citoyens de leurs circonscriptions électorales.


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