Algérie

Quelle Europe '



Quelle Europe '
Quelle Europe vont choisir aujourd'hui les 380 millions d'électeurs appelés à élire leur Parlement ' Une Europe de progrès, d'ouverture, de la tolérance, du vivre-ensemble ou de la crispation et de l'exclusion ' Accorderont-ils leurs voix aux candidats des partis d'extrême droite ? donnés favoris par de nombreux sondages ? qui appellent à une Europe «blanche» et chrétienne, voire, a contrario, à un retour aux nations au détriment de l'Union et de son élargissement ' Des partis qui préconisent la «préférence» (ou «priorité») nationale, qui alimentent la stigmatisation de l'immigration et de l'islam. Une récente opération dénommée «nuit du testing», menée dans 8 pays par des associations partenaires du Mouvement antiraciste européen, a conclu qu'un quart des Arabes, Roms ou Noirs n'entrent pas dans les boîtes de nuit en Europe. Pour sa part, la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) constate qu'en France l'intolérance touche désormais les élites, dont les musulmans et les Roms en deviennent les boucs émissaires.Il convient de rappeler que la remise en cause des accords de Schengen vis-à-vis des extra-Européens mais aussi à l'intérieur de l'Europe n'est pas du seul fait de l'extrême droite européenne, des voix s'élèvent aussi dans la droite républicaine pour demander la révision de ces accords, à l'instar de Laurent Wauquiez, représentant de l'aile sociale de l'UMP. Le vice-président de l'UMP estime en effet que tout le système est à revoir. Il pointe «des différences de revenus beaucoup trop importantes» en Europe et «un principe de libre circulation non encadré qui aboutit à ces situations absurdes, où on projette sur les routes d'Europe des populations qu'on n'est pas capable d'intégrer», faisant ici référence aux Roms.Faut-il imputer la montée de la xénophobie, du nationalisme et du populisme en Europe à la seule crise économique ' Répondre par l'affirmative serait un peu court, voire inexact, quand on sait que des pays frappés de plein fouet par la crise, comme l'Espagne, par exemple, ne sont pas marqués par une poussée significative d'extrême droite, alors que d'autres pays, épargnés par la crise, sont concernés, à l'instar de la Hollande ou de l'Autriche. D'autres facteurs seraient davantage en cause, selon des spécialistes du sujet, parmi lesquels la crainte ? non fondée ? d'un envahissement d'immigrés et de réfugiés du Sud, essentiellement musulmans. Le discours décomplexé sur la question de l'identité et de l'immigration pose le problème de la banalisation du racisme et de la crispation autour de l'islam.Quant au «péril» et au «coût» que représenterait une immigration déridée (elle ne l'a jamais été), il a été démontré que ce sont là des idées reçues, voire des contrevérités à but électoraliste. Des économistes ont montré qu'en France les immigrés consomment moins d'assurance vieillesse et de prestations d'assurance maladie et ils contribuent beaucoup en termes de cotisations sociales, de TVA et de CSG. Selon Xavier Chojnicki et Lionel Ragot, avec un coût de 68 milliards et des recettes de 72 milliards, l'immigration rapporte 4 milliards d'euros par an à la France.Autre contrevérité, il n'y a pas d'envahissement des migrants du sud vers le nord, puisqu'en 30 ans, le nombre d'immigrés en France est passé de 4 à 5,5 millions. Sans compter que le phénomène migratoire est un flux à deux sens, avec des arrivées, mais aussi des départs. Et les spécialistes de rappeler que si la France accueille depuis 20 ans, chaque année, environ 200 000 migrants, 100 000 repartent dans leur pays dans le même temps. Une vérité : les immigrants du Sud sont ? et c'est une tendance lourde ? jeunes, diplômés, soit une plus-value à une Europe vieillissante, en manque de cadres et de main-d'?uvre qualifiée.L'Europe ne risque pas non plus d'être envahie par des flots de réfugiés, puisque si l'on se réfère aux statistiques du HCR et au simple constat, les réfugiés se dirigent d'abord et en nombre vers les pays voisins.Alors, les Européens prendront-ils le risque de renier les fondements et les valeurs qui sont à la base de l'édification de leur entité régionale et de l'une de ses principales institutions '




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