Algérie

Quelle campagne électorale pour quel candidat '



Quelle campagne électorale pour quel candidat '
«Alea jacta est». Ça y est, le top départ pour l'élection présidentielle est donné avec la convocation, hier, par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, du corps électoral pour le jeudi 17 avril 2014 en vue de l'élection à la présidence de la République. Désormais, les candidats qui auront décroché le feu vert du Conseil constitutionnel, après examen de leurs dossiers (ils ont 45 jours pour se déclarer), devront aller aux devants des électeurs pour les conquérir. Pour ce faire, ils doivent mener campagne. La question qui, dès lors, se pose à eux sera de définir les axes autour desquels ils construiront leur campagne. Un candidat offensif et convaincu de son positionnement fera, lui, une précampagne qui lui permettra d'esquisser en pointillés son programme et préparer le terrain. Nous n'avons pas eu de véritable précampagne, les potentiels candidats s'étant surtout concentrés sur la nécessité que l'Etat donne les garanties de l'impartialité de l'administration et l'organisation d'une élection honnête, crédible et transparente qui donnerait les mêmes chancesà tous, garanties qu'ils estiment ne pas avoir.Aujourd'hui, les dés sont jetés. Les candidats doivent élaborer leurs campagnes, en intégrant tous les désavantages, réels ou supposés, comme autant de défis à relever. Les spécialistes en communication politique sont formels sur ce point. Il ne s'agit pas de se focaliser uniquement sur la critique de la démarche du candidat sortant et/ou des concurrents, mais d'y superposer les solutions, les remèdes et alternatives. Dans son ouvrage Guide pratique de campagne électorale, François Trétarre, conseiller international en préparation et conduite de campagnes électorales, qui a travaillé de nombreuses analyses de campagnes, études sociologiques et théories en sciences sociales, préconise une méthodologie indépendante du contexte. Le candidat doit avoir une démarche adaptée quelle que soit sa situation initiale et développer un contenu valable et approprié quel que soit le contexte (législation, actualités, adversaires...), écrit-il. Plus précis, Martin Momha, qui est chercheur en sciences du langage et en stratégies de communication politique, écrit dans un essai sur «La rhétorique du discours politique électoral» que «les vrais candidats à l'élection présidentielle se positionnent par rapport à la continuité ou par rapport auchangement. A chaque position, correspond un type de discours et une organisation énonciative et argumentative spécifique».Ainsi, explique M. Momha, le candidat s'inscrivant dans le renouvellement du mandat (si Bouteflika décide de se représenter) ou les candidats qui se positionneront pour la continuité du système (si des dauphins sont désignés ouautoproclamés) ne peuvent que développer un argumentaire dont l'axe principal sera la confirmation et la valorisation de la politique suivie durant les mandats précédents. Le choix de la continuité implique la présentation d'un bilan positif du mandat écoulé, ce qui est promis par le Premier ministre,Abdelmalek Sellal, tout en soulignant la nécessité et la détermination de parachever l'?uvre, qui est déjà présentée comme un chef-d'?uvre.Evidemment, les retards, les faiblesses, les manquements seront également abordés. Une partie sera reconnue comme relevant de la responsabilité de l'Etat, et ça sera inscrit sur le compte de l'autocritique, ce qui donne au candidat plus de crédibilité et une auréole d'honnêteté. Mais le gros des carences sera renvoyé aux nombreux obstacles qui se sont dressés ou, mieux, ont été dressés dans la réalisation de certains projets. Quant aux candidats qui se présenteront pour le changement du système, ils s'inscriront forcément dans l'opposition, donc dans la réfutation de tout ce qui a été fait et accompli jusque-là. Ils feront un bilan noir de la politique de Bouteflika dans tous les domaines et, pour ce faire, amplifieront le moindre problème, monteront en épingle la moindre situation conflictuelle et hypertrophieront la moindre crise. Ils feront flèche ou feu de tout bois. C'est de bonne guerre.Mais, il s'agira aussi, et surtout, pour tous les candidats du changement de présenter le plus clairement possible leurs propositions, solutions et alternatives, d'abord pour toutes les décisions et situations qu'ils auront critiqué, ensuite pour les attentes des citoyens qu'ils doivent cerner et énumérer, en disant ce qu'ils comptent faire pour y répondre et comment. Critiquer ce qui est fait, celui qui l'a fait et la manière dont ça été fait, ne fait pas un candidat crédible pour présider aux destinées d'un pays. Par contre, souligner les erreurs, les faiblesses et les manquements en proposant les corrections, donnera au candidat le plus désavantagé, si ce n'est la victoire, pour le moins la stature d'un véritable Président.H. G.




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