Algérie

Quel sort pour les festivals '



Quel sort pour les festivals '
Jamais, depuis l'indépendance du pays, une animation culturelle aussi ambitieuse n'a été conçue. Celle-ci a contribué à la renaissance des arts et de la culture dans notre pays, juste après la décennie noire qui avait effacé toute trace artistique et culturelle. Les pouvoirs publics furent généreux en moyens financiers. Aucun événement n'a souffert de restrictions jusqu'à 2015. Avec la chute drastique des recettes pétrolières, qu'en sera-t-il à l'avenir ' Ces festivals seront-ils maintenus ou annulés ' Verront-ils leur nombre diminuer ' Dans la loi de finances pour 2016, le budget de la culture a diminué de presque de moitié. L'organisation des festivals en pâtira à coups de restrictions.Impact positifLes pouvoirs publics ont voulu toucher l'ensemble de la vie culturelle, patrimoine et activités d'ouverture sur le monde. Il serait long d'énumérer le nombre d'événements en relation avec la préservation et la valorisation de la culture. Citons, entre autres, le Festival national de l'imzad sans qui l'instrument serait oublié et méconnu. Une perte pour notre patrimoine et les groupes musicaux nombreux à l'utiliser. Une tradition millénaire revit. Des festivals sont consacrés au chaâbi, à l'andalou ou au malouf. Ils ont particulièrement suscité l'intérêt des jeunes pour perpétuer ces formes d'art ancestral que la disparition des maîtres fragilise. Le cinéma a eu, aussi, une grande place. Le film amazigh a ainsi gagné en notoriété, comptant le plus grand nombre d'éditions annuelles. Il en était, l'année dernière, à sa 14e. Il a permis la naissance de nouvelles vocations, la promotion et le développement du film amazigh. L'existence des festivals a permis un rayonnement national et international par la créativité, l'innovation et l'ouverture. Le festival du film arabe organisé annuellement à Oran a eu un impact international. Il s'est voulu un point de rencontre des réalisations arabes actuelles. L'Algérie se veut, à l'image des pays où l'on décerne des prix cinématographiques, une référence et une école pour la production de films. Elle met à profit cette occasion pour faire connaître notre production nationale. Le festival du film méditerranéen, ressuscité à Annaba, et celui du cinéma engagé d'Alger ont également relancé l'intérêt pour le 7e art. La musique a eu une place d'honneur. Le festival international des musiques symphoniques est déjà à sa 7e édition. Il a ouvert aux Algériens une fenêtre sur l'art universel et développé un intérêt pour cette musique. Le festival connaît un engouement sans précédent, avec une présence massive du public durant sept jours.Il est un exemple de succès et de réussite des ambitions des pouvoirs publics. Pour les jeunes générations, les festivals offrent des occasions de s'éclater et de s'épanouir comme lors des méga- concerts identiques à ceux organisés ailleurs. La fête est au rendez-vous lors du festival de la musique actuelle ou de la musique g'naoui qui accueille chaque été des centaines de jeunes qui découvrent aussi des vedettes internationales. L'ouverture au monde n'est pas un signe distinctif de ce seul festival. Les sommités de la calligraphie à travers le monde se donnent rendez-vous chaque année à Alger durant sept jours. D'éminents calligraphes d'Iran, de Turquie, du Koweït et même de Chine sont d'un apport inestimable pour nos calligraphes. La rencontre démontre, par l'influence constructive des maîtres, l'immense progrès réalisé par nos calligraphes qui peuvent prétendre à des prix internationaux. Ces acquis sont perceptibles dans les festivals dédiés à l'enluminure ou à la miniature.Des budgets suffisantsLa particularité des festivals est d'en confier la gestion à des responsables spécialisés. C'est un moyen avéré pour davantage de spécialisation et renforcer les capacités des dirigeants. A ce sujet, le ministère de la Culture a bien spécifié qu'il n'est pas question d'attribuer la gestion à des agences de communication, pour ne pas sortir du domaine artistique et culturel. Le festival du film amazigh a été, pendant treize éditions, sous la gestion d'un expert de la langue et civilisation amazighs, Si El Hachemi Assad, actuellement secrétaire général du HCA. Brahim Seddiki, cadre à la Télévision algérienne et un passionné de poésie, est responsable du festival d'Oran. Pour le festival international de la musique symphonique, c'est Abdelkader Bouazara, directeur de l'Orchestre symphonique national. Mustapha Belkahala, illustre artiste peintre et enseignant, est à la tête du festival de la calligraphie. Ces festivals reçoivent un budget conséquent pour couvrir les nombreuses activités englobant aussi bien des ateliers, des conférences que des masters class. Ces festivals comprennent deux vocations. Ils donnent une image des plus significatives d'un domaine artistique et sont un forum, un canal d'éducation, d'ouverture pour former le sens esthétique des Algériens. Le budget alloué couvre toutes ces activités, comme la confection des supports de communication, les dépenses de logistique, les frais d'hébergement. Les dotations sont généreuses. Un invité étranger est pris totalement en charge, y compris son billet d'avion.Vers une restriction des moyens« Nous sommes éblouis par l'accueil chaleureux des Algériens. » L'appréciation est souvent formulée par les participants étrangers. Ailleurs, on paye rarement le transport des participants, leur laissant souvent la charge de l'hébergement. Chez nous, les participants passent leurs séjours dans des hôtels très confortables ou même de luxe avec le transport assuré dans des voitures de luxe pour les personnalités. De telles dépenses ne peuvent plus être tolérées. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, l'a bien expliqué dans de récentes déclarations. « Le programme des festivals sera revu », a-t-il déclaré. « Nous maintiendrons les festivals qui ont un grand impact sur le rayonnement et la promotion de notre culture et un impact au niveau international », a-t-il assuré. Le ministère entend réduire le nombre des festivals. Certains ayant pour thème des arts voisins peuvent facilement s'agréger. Il existe un festival international de la calligraphie et un autre sur l'enluminure et la miniature, pourquoi ne pas en faire un seul regroupant ces arts musulmans ' C'est dans cette voie que travaille le ministère. Les festivals ne seront pas tous annulés. Ils continueront encore à illuminer le monde culturel, malgré les restrictions. A la seule condition pour chacun de devenir plus performant.




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