Algérie

Quel sort pour les 185 travailleurs '



Quel sort pour les 185 travailleurs '
L'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH), ex-Enabros, qui activait avec 31 unités réparties sur le territoire national dans la fabrication manuelle de balais, a officiellement mis la clef sous le paillasson le 24 septembre 2009. Ce fut un long et ardu combat, qui avec le recul nécessaire, s'est avéré « perdu d'avance », selon les travailleurs eux-mêmes. Apparemment « tout » a été « essayé »pour la sauvegarde de cette entreprise qui employait (au niveau du territoire national), jusqu'en 1990, pas moins de 3 828 ouvriers, non-voyants pour la plupart (seulement 232 personnes sont voyantes) dont le nombre a été réduit à 1 024 en 1991, après la crise ayant secoué l'établissement à cause de graves problèmes de commercialisation du produit, des difficultés au niveau de l'importation de matière première, de la concurrence déloyale et de toutes les complications y afférentes, à savoir l'incapacité à assurer les salaires des employés et les cotisations à la sécurité sociale. Après la grande marche organisée par les travailleurs le 10 juin 1991, les revendications de ces derniers avaient abouti à la prise en main de cette entreprise par l'Etat, le 25 décembre de la même année par décret exécutif n° 535-69. Certaines manufactures, dont le siège n'était pas la propriété de l'EPIH, laquelle n'était plus en mesure d'en garantir les loyers, ont été délogées et intégrées à d'autres, à l'exemple de celles de Guelma, Taher, El Milia et Redjas, qui se sont fondues dans l'unité de Constantine, sise à Bab El Kantara, avec prise en charge complète de l'Etat, qui assurera, entre autres, les salaires des ouvriers de 1992 à 1995. A partir de cette dernière date, un budget de 87 MDA (millions) sera alloué, annuellement, à l'entreprise, qui cessera d'être affiliée au ministère du Travail, pour réintégrer celui de la Solidarité en 2001. Cette dernière dégagera 174 MDA par an.Comme on peut le voir, l'Etat n'a pas lésiné sur les moyens pour aider ces travailleurs, dans leur grande majorité handicapés. Certains d'entre eux, cependant, ne verront dans cette politique qu'une manière d'assistanat, lequel, logiquement, à long terme, n'a mené qu'à la défaite, sachant que toutes les richesses finissent toujours par s'épuiser. « Ce même Etat a-t-il barré la route à la surenchère ' A-t-il stoppé les importateurs et les spéculateurs dans leur concurrence déloyale ' » relèvent d'anciens travailleurs de l'unité de Bab El Kantara. Un ex-employé, (membre du syndicat), Djamel Loucif, relèvera le fait qu'il n'y ait pas eu de substitut pour continuer à pratiquer ce métier, à savoir la confection de balais, qu'ils ont appris de l'ancien colon, qui avait lancé l'affaire en 1942. Et de poursuivre : « Aucun secteur privé n'a voulu coopérer pour qu'on puisse écouler notre produit, préférant s'approvisionner en balais auprès des grands industriels. Ceci dit, on comprend ces gens avides de gain immédiat. Mais on aurait pu travailler avec le secteur public, comme les hôpitaux, les mosquées et bien d'autres institutions, dont l'armée, par exemple. » La dissolution de l'entreprise est bel et bien consommée. Qu'adviendra-t-il des centaines d'ex-salariés, y compris les 185 de l'unité de Constantine ' Toutes les dettes ont été payées, la situation « assainie », les travailleurs indemnisés'Ces derniers ont à choisir entre trois solutions : départ volontaire, avec 30 mois de salaire en plus des primes, inscription au chômage, en attendant l'âge de la retraite, qui a été « généreusement » porté à 50 ans, ou la retraite, pour les ouvriers âgés entre 50 et 59 ans, avec le SMIG. Entre-temps, que vont faire tous ces ex-ouvriers, jeunes et assez jeunes, sans autre qualification, subsistant de ce revenu de l'Etat ' « Nous ne sommes pas des feignants, disent-ils encore, nous aurions souhaité être productifs pour notre pays, et non pas vivre en parasitesé ».


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