L'économie algérienne est un chantier sans architecture ni chef des travaux. Mais cela est un secret de polichinelle. Le premier recensement économique effectué par l'Office national des statistiques (ONS) et rendu public récemment prouve, si besoin est, que l'activité dominante reste le commerce. Ainsi, selon le rapport, les entités commerciales (qui ont une adresse connue) représentent 55% des entités économiques. Il faudra y ajouter celle activant dans l'informel qui représente 40% du PIB. C'est déjà un bon indicateur pour le futur stratège qui ambitionne un jour de remettre sur la sellette ce domaine stratégique qu'est l'économie. Au lieu de focaliser son attention sur une production «déculturante»- car produire ne fait pas partie de la culture locale-, des énergies renouvelables, idéalisées mais difficilement accessibles, mieux lui vaudra de penser à un retour aux sources : Une Algérie phénicienne, comptoir de la Méditerranée. Mais même là, les choses ne sont pas simples. Car, les réseaux de distribution, tous produits confondus, sont une calamité décriée aussi bien par les plus hautes autorités du pays comme par le plus simple consommateur. Et les preuves ne manquent pas, du marché des produits alimentaires de large consommation, aux médicaments en passant par l'électricité, l'indigence de ces réseaux n'a d'équivalent que l'incurie de leurs tutelles, ou toute tutelle, à réguler ces activités. C'est que, forts de décennies de laxismes des pouvoirs publics, de complicités et de la quasi- généralisation de la corruption, de véritables nababs sont nés de l'importation ou du commerce de gros. Selon les chiffres du Centre national de l'information et statistiques des Douanes algériennes (Cnis), il était établi en 2009 que 930 importateurs sur 22 300 ont réalisé 80% des importations. Ces gros bras de l'import-import, gavés par la force de l'argent ont gagné de l'influence. Voraces et habiles dans le monde trouble des «affaires», ils savent comment presser au bon endroit et au bon moment pour faire échouer toute tentative de régulation du marché. Influents, ils ont fait échouer ces tentatives les unes après les autres. L'on retiendra les démarches capotées du payement par chèque, la facturation ou le crédit documentaire qui ont soulevé des polémiques toujours d'actualité. Et comme l'argent n'a pas d'odeur, et nos hommes politiques de saveur, ces hommes «d'honneur» après avoir pesé lourd sur les décideurs, décident maintenant d'être les ordonnateurs. Ils ont investit à coup de ch'kara l'APN, et visent les plus hautes responsabilités du pays. Ahmed Ouyahia, Premier ministre, dénonçait le 2 juin dernier dans un cri largement relayé, analysé et décortiqué de toute part, que l'argent sale dirigeait le pays. Quel constat terrible. Alors, quel réseau doit-on assainir d'abord, celui de la distribution, de la politique ou celui des institutions !'
S. A.
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Posté Le : 06/08/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Samir Azzoug
Source : www.latribune-online.com