Algérie

Quel modèle pour les jeunes Tunisiens'



Quel modèle pour les jeunes Tunisiens'
Mohamed Bouazizi était un vendeur ambulant qui provenait d'un quartier populaire de la banlieue de la capitale tunisienne. Il n'avait que 27 ans lorsqu'il se donna la mort, un certain 17 décembre 2010, et donna, par la même, le coup d'envoi à un sursaut du peuple tunisien, à une «reprise» de conscience de la liberté et de la vie au soleil d'une Tunisie belle et prometteuse pour un avenir, in cha Allah, plus beau et plus radieux encore. On connaît malheureusement la suite.Une suite orchestrée là où l'on sait et à laquelle on a donné le nom de ? ?printemps arabe ? ?. Une illusion mal colorée, vendue à prix fort à des crédules et des naïfs qui plongèrent du coup dans la déstabilisation de leurs propres pays au nom de l'ersatz d'un pseudo idéal. On connaît la suite là aussi. Du sang, beaucoup de sang qui a appelé autant, sinon plus, de sang. Combien ont-ils été à tomber dans les rues poussiéreuses de leurs villages, sous leurs rêves déchirés, sans voir le soleil de demain' Une période de chaos, pour rester poli, dans laquelle des parties de peuples étaient gonflées à bloc contre les régimes, contre les systèmes, contre le reste de peuple... Quelle misère!Houssam Abdelli était, lui aussi, un vendeur ambulant qui provenait d'un quartier populaire de la banlieue de la capitale tunisienne. Il n'avait que 26 ans, l'âge de Bouazizi, lorsqu'il se donna la mort (selon le ministère de l'Intérieur tunisien) et la donna du même coup à treize autres personnes. Des membres de la Garde présidentielle, à ce qu'on dit. On ne connaît pas la suite car ce genre de chose n'en a pas. C'est tellement stérile et mauvais que cela ne peut pas avoir de suite. Mais on connaît l'objectif haineux et haïssable. Il s'agit de repousser l'avenir, de déchirer les voeux, de reprendre la marche en arrière vers d'autres temps et d'autres endroits. Une marche aussi qui demande du sang, beaucoup de sang. Comme celui coulé à Sousse, au musée du Bardot ou récemment dans le bus de la Garde présidentielle.Bouazizi et Abdelli avaient le même âge. Ils avaient tous deux des amis, des voisins, des frères et soeurs et peut-être aussi une mère ou un père, voire les deux. Ils avaient connu forcément la période Benali et ses difficultés. L'obligation de se lever tôt et de trimer pour quelques sous du quotidien. N'aurait-il pas été normal qu'ils fussent plutôt semblables, qu'ils eussent les mêmes préoccupations, les mêmes espoirs pour eux, pour leurs enfants et les générations à venir' Alors qu'est-ce qui a fait qu'ils soient si différents, qu'ils n'aient même pas des objectifs semblables' Ils avaient, non seulement des objectifs différents, mais des visées contradictoires, opposées et donc incompatibles. De qui la Tunisie a-t-elle besoin aujourd'hui' De quoi les jeunes ont-ils besoin aujourd'hui pour en faire un modèle. De l'image de Bouazizi ou de celle d'Abdelli' De l'envie d'éclairer les lendemains ou de celle de faire tomber les rêves construits depuis tant d'années' Il faudrait choisir car les deux modèles s'excluent mutuellement.Ce que rapporte l'un, celui de Bouazizi, on ne le sait pas encore. Difficile de savoir lorsqu'on a la conviction que la démocratie n'est ni pour nous ni pour demain. Difficile de savoir lorsqu'on est à la merci des hommes et de leurs hommes. Difficile mais on n'a pas mieux, surtout que l'autre modèle, celui d'Abdelli, c'est l'exemple de la Libye, de la Syrie, de l'Irak et de tout ce qui leur ressemble.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)