Algérie

Quel modèle de transition '



La révolution du sourire et la révolte chilienne ont fait l'objet d'un débat organisé, jeudi à Montréal, par le collectif Dignité politique. Le thème de la résistance politique et de l'émancipation démocratique a été abordé dans une perspective comparée entre l'Algérie et le Chili. Deux pays dont les luttes sociales et politiques pour les libertés démocratiques présentent des similitudes, selon les conférenciers. Ricardo Peñafiel, professeur au département de science politique de l'Université du Québec à Montréal (UQÀM), est remonté à l'ère de la dictature de Pinochet pour contextualiser la révolte en cours au Chili.Le politologue a tenté d'explorer les enjeux liés à ce printemps chilien, dont la profondeur émane des luttes antérieures contre la dictature militaire. Pour ce faire, il a développé des éléments théoriques dans un nouveau champ disciplinaire appelé "transitologie" (la science des transitions démocratiques). M. Peñafiel s'est intéressé aux différents modèles de transition à travers le monde, en précisant que la transition s'est faite au Chili avec des élites modérées.
Or, ce système a plutôt amplifié les inégalités sociales et rendu le système éducatif ségrégationniste, un des derniers legs de la dictature de Pinochet, explique l'orateur. C'est d'ailleurs ce qui a fait que les étudiants et les lycéens seront par la suite le fer de lance des révoltes de 2003, de 2006 et de 2011. Les manifestants chiliens ont privilégié la voie populaire vers l'Assemblée constituante, affirme Peñafiel, qui se rappelle l'un des slogans phare de la révolte chilienne : "Bye-bye Pinochet, le Chili s'est réveillé."
Pour sa part, Brahim Rouabah, enseignant et chercheur, qui a préféré donner sa communication en anglais, a mis en exergue le désir d'émancipation du peuple algérien. Emerveillé par le hirak algérien, le conférencier croit trouver un lien de causalité entre le néolibéralisme et la dictature.
Le pouvoir autoritaire algérien, pour réprimer les libertés, s'échine à brader les richesses nationales aux étrangers, auprès desquels il espère trouver des soutiens, selon le chercheur. Celui-ci cite l'exemple de la loi controversée sur les hydrocarbures, d'inspiration foncièrement néolibérale, en 2005, au temps de Chakib Khellil.
Et la nouvelle loi sur les hydrocarbures, votée à la hussarde récemment, participe de la même démarche qui vise à acheter le silence des partenaires étrangers. Lors des débats modérés par Mouloud Idir, les intervenants se sont interrogés sur les perspectives de ces deux mouvements citoyens, non sans mettre le focus sur les dimensions iconographiques de ces luttes sociales pour aller au-delà des préjugés culturels dominant sur deux sociétés distinctes, mais qui peuvent tisser des solidarités.

De Montréal : Yahia Arkat


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