Algérie - Revue de Presse

Quel impact sur l'Algérie '




Ce sont là quelques-unes des questions brûlantes auxquelles le Centre de recherche stratégique et sécuritaire (CRSS) a tenté de répondre hier lors d'un débat passionnant. Et pour clarifier les enjeux et situer les dangers, le centre a convié un expert militaire en la personne du colonel Noureddine Amrani qui a doctement disséqué la résolution 1973 du Conseil de sécurité et expliqué techniquement ce qu'est une No fly Zone (zone d'exclusion aérienne). Le colonel relève d'emblée que la résolution ouvre une brèche aux dérives en laissant aux forces aériennes de la coalition le soin «d'apprécier» l'opportunité des actions armées. L'expert en veut d'autant plus «qu'il y a un problème de commandement unifié qui aurait pu assurer la conduite des opérations».
Pour lui, le système de commandement dans ce type d'opérations est «très important» pour éviter que «tout le monde s'égare» dans une allusion aux dommages collatéraux qu'induisent les bombardements. Parce que, sur le plan militaire, la zone d'exclusion aérienne s'appuie, d'après le colonel, sur trois méthodes : la saturation électronique de la zone, l'interception aérienne et destruction au vol et enfin des raids massifs sur le potentiel aérien au sol.
Une zone d'exclusion, des zones d'ombre
L'objectif est d'assurer la suprématie dans l'espace aérien du pays contrevenant. Cet objectif stratégique est-il atteint en Libye ' S'interroge Nourredine Amrani. La réponse à  cette question est sujette à  des interprétations politiques. Le colonel précise néanmoins qu'il y a un risque d'«enlisement vers une situation difficile à  contrôler». En l'absence «d'arbitrage» sur la conduite des opérations, mais surtout leur contrôle, la voie pourrait s'ouvrir aux dérapages. Et le dérapage dans la bouche de l'expert militaire serait que les alliés recourent à  un engagement terrestre en Libye. En un mot, la zone d'exclusion aérienne, qu'il assimile à  un «embargo aérien» risque de se transformer en guerre d'occupation. Une perspective qui a fait chauffer le débat, notamment cette prise de bec entre le général-major à  la retraite Mustapha Medjahed et le conseiller politique de l'ambassadeur de France à  Alger sur la manière avec laquelle Sarkozy a convoqué «son sommet» de Paris et fait avaliser les frappes à  Amr Moussa et aux Arabes du Golfe.
Rahabi droit au but
Le jeune conseiller de la chancellerie française a répondu que la décision a été «consensuelle» rejetant la remarque sur le «va-t-en-guerre» de Sarkozy. Pas convaincu, le général Medjahed, lui lance : «Je vous comprends, vous àªtes ici pour faire de la politique !» Abdelaziz Rahabi, lui, demande à  l'assistance de zoomer les implications de ces opérations sur l'Algérie et de ne pas palabrer sur le maintien ou pas d'El Gueddafi «qui ne m'intéresse pas !» Le diplomate fait remarquer que «si l'Algérie devait s'opposer aux frappes contre la Libye, elle aurait dû le faire au sein de la Ligue arabe». Et d'asséner crûment : «Nous avons manqué de solidarité avec les Tunisiens et les Egyptiens et maintenant avec les Libyens.» Abdelaziz Rahabi interpelle l'assistance sur le fait que «c'est tout de même El Gueddafi qui a ramené les Occidentaux à  nos frontières !» Le général Medjahed intervient à  nouveau pour conseiller de  «se méfier de la France  qui cautionne les coups d'Etat dans les pays du Sahel et utilise aujourd'hui une force disproportionnée en Libye grâce au soutien du traître Amr Moussa qui ferme bizarrement les yeux sur le massacre de civils au Bahreïn, au Yémen». Le diplomate français, assis juste derrière, hoche la tête, visiblement gêné par les commentaires sans fard du général. Ce dernier a certes chargé la France de Sarkozy, mais il a admis que El Gueddafi est «un criminel et un assassin qu'il faut juger». Le diplomate Hocine Maghlaoui s'est, quant à  lui, interrogé sur la «célérité» avec laquelle le Conseil de sécurité a voté les deux résolutions contre la Libye. «C'est du jamais vu dans les annales du conseil de sécurité ! Deux résolutions en dix jours, c'est illégitime et illégal !», tonne-t-il.
Ultime question : qui va payer la note de ces opérations miliaires, surtout qu'une heure de vol d'un chasseur Rafale est facturée à  39 000 euros ' «Cela se fera à  la source via les avoirs libyens en France», ironise un participant, le sourire en coin.
 
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