L'ouverture, hier, de la Conférence nationale sur le commerce extérieur a surtout valu par les déclarations du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, sur les intentions du gouvernement à propos de l'élaboration prochaine d'une loi de finances complémentaire. Une LFC qui visera, à travers des mesures à prendre, une meilleure maîtrise du commerce extérieur et de l'économie nationale en général. Comprendre par là que l'Etat a décidé, finalement, de prendre le taureau par les cornes et s'attaquer aux mécanismes de la corruption et de la fraude dans le financement des importations.Une annonce phare de Sellal qui sonne pourtant comme un aveu d'impuissance devant la gabegie et l'anarchie d'un secteur laissé trop longtemps sans bride. Le Premier ministre ira jusqu'à menacer les fraudeurs «d'utiliser la loi» affirmant que le temps est venu de «lutter énergiquement contre la corruption et la fraude». Une déclaration qui ne peut passer sous silence puisqu'on y voit là la preuve que l'Etat n'a pas pris toutes les dispositions légales pour faire barrage aux fraudeurs. En deux mots, les pouvoirs publics n'ont pas fait le job et cette inaction, pour ne pas dire permissivité, a fait du secteur de l'import-export un grand n'importe quoi.Les exemples sont édifiants quant à la présence de cette faune de prédateurs qui écument le secteur. Des containers de pierres aux transferts de capitaux à partir de l'Algérie à l'aide de fausses opérations d'importation, tout a été fait pour discréditer une économie qui n'aura jamais autant mérité son qualificatif de bazar. Faut-il donc s'attendre à un renforcement de la législation pour contrer ces fraudeurs sachant que l'arsenal répressif contre eux est contenu dans les dispositions de l'article 29 de la LFC 2009. On y prévoit entre autres sanctions, l'exclusion du bénéfice d'avantages fiscaux et douaniers liés à la promotion de l'investissement, à l'exclusion du bénéfice des facilitations accordées par les administrations fiscales, douanières et de commerce jusqu'à l'exclusion de soumission aux marchés publics. Reste à parier pour les vrais professionnels du secteur que cette annonce ne soit pas simplement un effet de manche et que le gouvernement agisse pour stopper une hémorragie sonnante et trébuchante.L'autre message fort du Premier ministre a trait au projet de loi sur les licences d'importation, qui sera soumis au parlement durant sa session actuelle de printemps et certainement entériné. Sellal s'est voulu rassurant affirmant que ce nouveau texte ne veut absolument pas signifier un retour au monopole du commerce extérieur en vigueur dans les années 70 et 80, mais permettra à l'Etat une meilleure maîtrise des importations. Difficile pourtant de le croire sur parole puisque, dans la pratique, tout secteur d'activité soumis à la loi des licences génère forcément des pressions fortes sur ceux qui sont censés les délivrer. Certes, le discours officiel part de bonnes intentions mais il est légitime de nourrir des appréhensions quand on sait qu'au plus fort de cette bataille contre la mauvaise gouvernance d'un secteur névralgique, on discute au niveau du ministère du Commerce, et sérieusement, sur la levée de l'interdiction sur l'importation et la commercialisation des pétards et autres produits pyrotechniques, prohibés par la loi depuis 1963.
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Posté Le : 31/03/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com