Algérie

Quel consensus ?



C?est sous le sceau de l?urgence que se tiendra, le 14 août prochain, une conférence des cadres de la nation présidée par le chef de l?Etat qui fixera solennellement la date du référendum sur la « réconciliation nationale » et donnera son feu vert à la mise en ?uvre du plan quinquennal de relance économique. Ces deux opérations-clés de son second mandat, Bouteflika entend les mener à terme et les préserver des aléas du terrain. C?est une somme colossale de 50 milliards de dollars qui sera déversée sur l?économie algérienne afin d?assurer au pays les conditions de son décollage. Mais les experts n?ont pas manqué de mettre en garde sur les effets pervers de la faiblesse nationale en capacités managériales, de la bureaucratie et de la corruption. S?agissant de la « réconciliation nationale », l?unanimité est loin d?être assurée dans le pays, tout spécialement sur la notion de pardon. Les courants de la mouvance islamique y ont applaudi estimant qu?il est nécessaire de faire la paix avec tous ceux qui ont été impliqués dans ce qu?ils appellent la « tragédie nationale », en référence aux années de terrorisme. A leurs yeux, la réconciliation doit aller jusqu?à l?amnistie des actes commis durant cette période, qu?ils refusent de qualifier de terroristes, les considérant avant tout comme des réponses au « déni de droit » qu?a été, pour eux, l?interruption du processus électoral en 1992. En revanche, d?autres courants de la vie politique estiment que l?Algérie a été victime d?une opération d?envergure montée par l?internationale islamiste, dont la branche politique a été le FIS et le bras armé l?AIS, le GIA et le GSPC. Son objectif a été l?instauration par la violence d?un « Etat islamique » sur le modèle afghan. Ces courants, notamment les familles des victimes des actes commis par les groupes armés rejettent toute initiative politique visant à l?absolution des crimes et à la mise sur un pied d?égalité du bourreau et de la victime. La justice et la vérité, estiment-ils, doivent prendre le dessus sur toute arrière-pensée politique. L?Algérie est, à ce jour, fracturée par ces deux points de vue qui recouvrent à peu près les deux conceptions de la société algérienne qui se sont affrontées durant la décennie 1990, l?une moderniste, l?autre islamo-conservatrice. Bouteflika tranchera-t-il entre l?une ou l?autre ? Va-t-il les concilier à travers un quelconque dosage politico-idéologique ? Reste que le verrouillage de la vie politique et les atteintes perpétuelles à la liberté d?expression durant ces dernières années ne plaident pas pour la réunion de ce consensus national tant recherché car indispensable à la réussite de ces deux objectifs vitaux que sont la modernisation économique de l?Algérie et le retour définitif de la paix.


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